Le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, en 2014. | SEBASTIEN BOZON / AFP

« La population nous attend au tournant », résume Pierre Mathonier, maire (PS) d’Aurillac (Cantal). Depuis l’attentat terroriste, la nuit du 14 juillet à Nice, les maires, quelle que soit la taille de leur ville, se sentent en première ligne. « On a pris conscience qu’on est tous à la merci du premier fêlé venu », confie Roland Ries, maire (PS) de Strasbourg.

Pourtant rares sont ceux qui ont annulé les festivités estivales prévues sur leur commune. Après avoir suspendu, le 15 juillet, le festival Jazz à Juan, Jean Leonetti, maire (Les Républicains) d’Antibes (Alpes-Maritimes), a décidé de l’autoriser de nouveau à partir de mercredi. Seuls les concerts « off » qui devaient se dérouler dans plusieurs lieux de la ville restent annulés. Car « il était plus difficile d’en garantir la sécurité », explique la mairie.

A Aurillac, le maire « a beaucoup hésité » avant de décidé de maintenir le Festival international de théatre de rue du 17 au 20 août qui attire 30 000 personnes par jour.
A Strasbourg, la Grande Braderie aura bien lieu comme chaque année, le 30 juillet et 200 000 personnes sont attendues sur une seule journée.

« Ne pas céder à la pression »

A Paris, « on ne renonce à aucun événement de la saison estivale », indique le cabinet d’Anne Hidalgo. L’édition 2016 de Paris Plages se tiendra du mercredi 20 au 4 septembre. Mercredi, la maire de Paris inaugurera cette édition avec le maire de Tunis et celui de Sousse, ville proche de M’Saken, village natal de Mohamed Lahouaiej ­Bouhlel, l’auteur de l’attentat de Nice.

Les maires voient dans leur décision de ne pas renoncer aux fêtes de l’été l’occasion de porter un message « républicain ». « On ne doit pas céder à la pression de ceux qui veulent qu’on change nos manières de vivre », affirme Benoist Apparu, maire (LR) de Châlons-en-Champagne. « Nous devons faire preuve d’intransigeance et de fermeté à l’égard de ceux qui nous attaquent, mais aussi d’unité et de vivre-ensemble pour nos populations », a réagi Mme Hidalgo, la nuit de l’attentat.

Dispositif « anti-intrusion » à Paris Plages

Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a indiqué lundi 18 juillet que les forces armées déployées dans le cadre de l’opération « Sentinelle » devraient « contribuer en particulier à l’action de sécurité lorsqu’il y a des flux, que ce soit des manifestations sportives ou culturelles ».

En accord avec les préfets, les élus ont prévu des dispositifs pour parer à des attaques semblables à celle perpétrée à Nice. A Strasbourg, M. Ries devrait interdire, pour la première fois, la circulation automobile dans le centre-ville durant la Grande Braderie.

A Paris, un dispositif « anti-intrusion de véhicules » sera mis en place sur le site de Paris Plages. Des blocs de béton et des voitures en stationnement fixe seront installés sur la voie Georges-Pompidou pour faire office de barrage.

Mais, malgré des mesures de contrôle drastiques, les maires ont la hantise d’être exposés à des actes terroristes dont ils ne peuvent prévoir « le mode opératoire ». « Nous risquons d’autres types d’attaques face auxquels nous n’avons pas la parade aujourd’hui », s’inquiète M. Mathonier, le maire d’Aurillac.