Lors des attaques terroristes, ce sont les réseaux sociaux qui ont fait office de canaux d’information. | CLAUDE PARIS / AP

Comment prévenir le grand public d’un danger en cours ou imminent ? A Nice, au Bataclan et au moment de Charlie Hebdo, ce sont les réseaux sociaux, Twitter, Facebook, et Instagram qui ont fait office de canaux d’information, relayant témoignages en temps réel et messages officiels des autorités publiques.

Un état de fait dont le gouvernement n’a pas voulu se satisfaire, et qui l’a conduit à développer SAIP (ou système d’alerte et d’information des populations), une application censée alerter et informer le public en cas de danger. A Nice, l’application s’est révélée défectueuse : les premiers messages – succincts – n’étant pas apparus avant 1 h 30 du matin, soit plus de deux heures après le début de la tragédie.

Pour pallier ce manque, le député PS Luc Belot a déposé, mardi 19 juillet, à 19 heures, une proposition de loi qui permettrait aux autorités de l’Etat d’envoyer dans une zone donnée un SMS d’alerte géolocalisé. « Cette solution d’envoi de SMS aura comme avantage déterminant d’envoyer un message d’alerte à tous les téléphones dans une zone spécifique, tout en choisissant de ne pas l’envoyer dans un autre secteur. (On peut ainsi techniquement ne pas envoyer de message d’alerte à l’intérieur d’un bâtiment où se déroulerait une prise d’otage, mais de le faire dans toutes les rues adjacentes) », explique le député dans l’exposé des motifs du texte.

Les opérateurs de télécoms pourraient ainsi cibler tous les appareils se situant dans une zone donnée. Le coût de l’opération serait pris en charge par l’Etat.

Plusieurs problèmes

Pour le député, au-delà des déficiences spécifiques de SAIP, recourir à une application spécifique pour alerter le grand public pose plusieurs problèmes : tout d’abord, il faut que le citoyen soit équipé d’un smartphone. Or, le taux de pénétration, même s’il est important, ne dépasse pas 70 % en France. Ensuite, cela demande au citoyen d’avoir téléchargé l’application. Enfin, la méthode exclut de fait l’ensemble des touristes, qui ignorent évidemment qu’un tel outil existe, mais qui, en outre, coupent à l’étranger l’accès de leur mobile aux données.

Que deviendra le texte du député ? En théorie, pour être discuté devant le Parlement, le groupe socialiste doit l’inscrire à l’agenda. Autrement, Luc Belot peut aussi le transformer en amendement. Le député, pourtant proche d’Axelle Lemaire, la secrétaire d’Etat au numérique, avait tenté une approche en début d’année lors du projet de loi sur la réforme pénale en déposant déjà un tel amendement. En vain.

Même si son texte entrait en vigueur, encore faudrait-il que le gouvernement se saisisse d’un tel dispositif. Pour le moment, il n’a pas choisi cette option. En 2012, un décret permettant aux autorités publiques de transmettre par les opérateurs de téléphonie « des messages d’alerte et d’information situés dans une zone de danger » semble s’être perdu dans les tréfonds des dispositions législatives. Pour le député, c’est quand même l’occasion de rappeler que des alternatives existent.