Donald Trump (2e à g.) en famille à Cleveland, avec son fils Donald Jr (à g.), ses filles Ivanka (centre) et Tammy (2e à d.), et sa belle-fille, Lara Yunaska (à d.). | BRENDAN SMIALOWSKI/AFP

Dans les tumultes de la convention républicaine de Cleveland (Ohio), de la controverse sur un plagiat de Melania Trump au refus du sénateur du Texas Ted Cruz de soutenir explicitement le candidat républicain, l’équipe de campagne de Donald Trump a pu trouver au moins un sujet de satisfaction : la redoutable efficacité de ses enfants. En quatre jours, les délégués républicains auront écouté quatre d’entre eux. Une présence en force, sans doute sans précédent dans l’histoire politique américaine.

La dernière à s’exprimer devait être Ivanka, jeudi soir 21 juillet. C’est elle qui devait introduire jeudi son père pour son discours de clôture, comme elle l’avait déjà fait lors de sa déclaration de candidature, le 16 juin 2015. L’assurance reconnue de cette dernière et son habileté à s’exprimer ont fait passer au second plan l’impair qu’elle avait commis avec son frère cadet, en oubliant de s’enregistrer à temps sur les listes républicaines pour participer aux primaires de l’Etat de New York.

Alors que les trois aînés jouent un rôle désormais reconnu dans la campagne de leur père, tout comme le mari d’Ivanka, Jared Kushner, les quatre enfants ont été omniprésents dans le carré réservé aux personnalités de la salle de l’équipe de basket des Cavaliers de Cleveland. Leurs interventions ont été soigneusement calibrées. C’est à la plus jeune, Tiffany, fille de la deuxième épouse du milliardaire, qu’est mardi revenue la charge de dresser un portrait plus flatteur que la caricature que M. Trump donne souvent de lui-même.

Considérations conservatrices classiques

Le fils aîné de M. Trump, Donald Jr, a évité de son côté de se limiter au classique panégyrique. Après avoir vanté les qualités d’un homme « qui dit ce qu’il pense, qui n’a pas besoin de se s’en remettre à des experts de l’opinion et à des données analytiques pour se forger un avis », le vice-président de la Trump Organization, un titre dont jouissent également Ivanka et Eric, a prononcé le même jour un véritable discours politique. Il y a mêlé des considérations conservatrices classiques, comme la dénonciation d’une réglementation jugée excessive, la défense du droit à posséder une arme ou un regard critique sur les écoles, qu’il dit en panne alors qu’elles étaient selon lui « l’ascenseur de la classe moyenne » américaine, à des traits faisant écho aux saillies populistes de son père.

C’est ainsi que Donald Trump Jr a stigmatisé le poids des élites, « nos nouveaux aristocrates », alors que cet héritier est lui-même issu, comme Ivanka et Tiffany, du même établissement universitaire huppé que son père. Il a insisté sur le temps passé par ce dernier avec ses ouvriers, dont il apprécie selon lui le jugement « autant et sinon plus que les types sortis de Harvard et de Warton [l’université fréquentée par une bonne partie de la famille], coupés de la réalité au fond de leurs bureaux ».

Son frère Eric s’est chargé mercredi de rappeler le parcours professionnel du magnat de l’immobilier, un passage obligé de toutes les interventions du candidat républicain pour la présidentielle du 8 novembre, pour mieux mettre en évidence sa solidité. Il a rejoint Donald Jr en vantant « la présidence de bon sens » que son père pourrait selon lui incarner, et précisé que ce dernier n’avait « pas besoin » du poste de président, mais qu’il n’avait « pas d’autre choix » que de se lancer dans la politique, compte tenu des difficultés rencontrées par les Etats-Unis.

« Discours parmi les plus vibrants »

Ces interventions ont été bien accueillies à Cleveland par un public déjà acquis à la cause du milliardaire. « On pourrait penser qu’ils sont simplement des privilégiés, mais ils apportent une véritable dimension, sans compter qu’ils donnent l’impression d’une famille vraiment très unie », a estimé Ann Kate, déléguée du Texas et mère de quatre enfants.

Un atout pour le milliardaire, attesté par le sentiment de Rob McCutchean, 18 ans, délégué de l’Arizona. « C’est sûr qu’ils ne viennent pas d’une famille modeste comme la mienne, mais ils ont l’air d’avoir vraiment la tête sur les épaules », a-t-il convenu. « Ils ont prononcé des discours qui comptent parmi les plus vibrants entendus depuis le début de la convention, a assuré Jeremy Wiggins, 21 ans, délégué du Missouri. Certes, ils viennent d’une famille hyperprotégée, mais ils ont l’air compétents et sérieux. »

Une autre privilégiée qui a passé, elle, une partie de son enfance à la Maison Blanche, Chelsea Clinton, jusqu’à peu amie d’Ivanka Trump, devrait s’exprimer la semaine prochaine dans le cadre de la convention démocrate, réunie à partir du 25 juillet à Philadelphie (Pennsylvanie).