Pas de modification de la politique monétaire de la BCE à l’issue de son premier conseil des gouverneurs depuis le Brexit. La Banque centrale européenne s’est dite prête, jeudi 21 juillet, à agir encore plus si nécessaire pour soutenir l’économie de la zone euro toujours atone, jugeant néanmoins la résistance des marchés financiers jusqu’ici « encourageante ».

« Si nécessaire, pour atteindre ses objectifs, le conseil des gouverneurs agira en utilisant tous les instruments dans le cadre de son mandat », a déclaré son président Mario Draghi à Francfort, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du conseil des gouverneurs de l’institut. Il a souligné « la disponibilité, la volonté et l’aptitude » de la BCE « à agir ainsi », alors que le niveau d’inflation reste faible en zone euro, très en dessous de ce que souhaite l’institut monétaire du fait de la faible croissance.

La BCE a déjà multiplié les incitations à faire repartir le crédit et donc la croissance : taux d’intérêt à un niveau plancher, prêts géants pour les banques, rachats massifs de dettes sur les marchés dans le cadre de son programme baptisé « QE » (quantitative easing).

En juin, elle est passée à la vitesse supérieure en rachetant des dettes d’entreprise, une première dans son histoire, pour libérer des liquidités dans ces groupes et les inciter à investir. Elle a par exemple acquis via la Banque de France des obligations de grands groupes français, tels qu’EDF, Danone ou Renault. Elle pourrait donc aller plus loin dans les semaines ou mois à venir.

« Trop tôt » pour « évaluer l’impact final » du Brexit

M. Draghi a dans le même temps jugé réconfortante la résistance jusqu’ici des marchés financiers de la zone euro après le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l’UE le 23 juin. « Après le référendum au Royaume-Uni, les marchés financiers de la zone euro ont surmonté la poussée d’incertitude et de volatilité avec une résistance encourageante », a-t-il dit.

Dans le sillage immédiat du vote, les marchés boursiers et de la dette obligataire en zone euro ont souffert, tandis que le taux de change de l’euro a baissé. Mais depuis les marchés financiers se sont redressés, faisant s’éloigner le spectre du retour d’une crise financière de grande ampleur en Europe.

M. Draghi a indiqué qu’il était encore « trop tôt » pour « évaluer l’impact final » du Brexit et pour que la BCE tire des conclusions du Brexit, notamment concernant la suite de sa politique monétaire, alors que les analystes spéculent sur de possibles nouvelles mesures de soutien à l’économie éventuellement dès septembre. « Nous avons conclu que nous n’avions pas encore les informations pour prendre une décision », a déclaré le banquier central, « nous serons en meilleure position au cours des prochains mois pour réexaminer » la politique monétaire de l’institution, notamment lorsque les nouvelles prévisions économiques de la BCE seront disponibles.