Une pharmacie à Limoges, le 19 juillet 2016. | PASCAL LACHENAUD / AFP

L’ordre des pharmaciens fait marche arrière. Devant « l’émoi et l’incompréhension », il a décidé de suspendre la consultation de la profession sur l’éventuelle introduction d’une clause de conscience dans son code de déontologie. Le bureau de l’ordre demandera au conseil national, lors de sa réunion du 6 septembre, de « ne pas maintenir en l’état le projet de clause de conscience », a-t-il ajouté dans un communiqué publié jeudi 21 juillet.

Dans le cadre de la rédaction d’un nouveau code de déontologie, l’ordre des pharmaciens avait organisé au dernier trimestre 2015 une consultation des 75 000 pharmaciens, au sujet notamment de l’intérêt à introduire une clause de conscience. Le conseil national étant « très divisé » sur le sujet, il avait décidé début juillet de lancer une nouvelle consultation sur ce point.

L’ordre regrette les instrumentalisations

La ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, s’était étonnée mardi de cette consultation, affirmant que si elle était « suivie d’effet, elle ouvrirait clairement la possibilité pour des pharmaciens de refuser de délivrer la contraception d’urgence [la pilule du lendemain], la pilule, le stérilet ou même le préservatif ». Des inquiétudes qui avaient été largement relayées sur les réseaux sociaux et dans la presse.

« Sur quelque 3 000 pharmaciens ayant répondu début 2016, 85 % voulaient une clause de conscience », un sujet qui n’est « pas du tout lié à la contraception mais à la fin de vie, question qui fait énormément débat dans la profession », avait réagi la présidente du conseil national de l’ordre, Isabelle Adenot, contestant toute volonté de remettre en cause l’accès à la contraception. Dans son communiqué, l’ordre dénonce « les instrumentalisations » faites autour de cette consultation.

« Toutes les professions comportant des enjeux éthiques importants sont dotées d’une clause de conscience », rappelle l’ordre, citant médecins, infirmiers, sages-femmes. « C’est pour évaluer le sens de cette exception » qu’il avait lancé la consultation controversée. Il rappelle que tout projet de code de déontologie devra être validé par la ministre de la santé avant de faire l’objet d’un décret en conseil d’Etat.

« Nul ne peut ainsi douter de la vigilance de la ministre de la santé, de la sagesse du conseil d’Etat et de la volonté des pharmaciens pour que les droits des femmes à la contraception et à l’avortement soient toujours et partout défendus », affirme-t-il.