Manifestations à Bouaké, le 22 juillet 2016. | STR / AFP

Une personne est morte et une dizaine d’autres ont été blessées par balle vendredi, lors d’une manifestation violente contre la hausse des tarifs de l’électricité à Bouaké, dans le centre de la Côte d’Ivoire.

Un homme âgé de 29 ans a reçu une balle au ventre lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, a constaté un journaliste de l’AFP qui a ensuite vu son corps à la morgue. « Au moins une dizaine de blessés ont été évacués au CHU [Centre hospitalier universitaire]. Il y a un [blessé] qui a succombé à ses blessures aux urgences. Ce sont des blessures par balles », a déclaré à l’AFP une source hospitalière.

Au moins une banque a été pillée et les locaux de la compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) ont été saccagés, ainsi que des bâtiments administratifs. Une partie de la mairie et la préfecture de police ont été fortement endommagées. La ville est toujours sous tension. Joint su rplace, un habitant assure que « la police et la gendarmerie sont sur le terrain, mais qu’ils n’ont pas les hommes et l’équipement nécessaires pour faire face aux manifestants. Il y a des jeunes mais également des femmes et des pères de famille qui manifestent. Il n’y a aucune revendication politique. »

Hausse des tarifs

Depuis le début de la semaine, la Côte d’Ivoire est en proie à de violentes manifestations contre une hausse des tarifs de l’électricité jugée excessive par les consommateurs. L’une d’elles avait dégénéré mercredi dans la ville de Daloa, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire. Des manifestants avaient saccagé les locaux et les véhicules de la CIE.

Ces évènements s’étaient produits au lendemain d’une manifestation similaire à Yamoussoukro, la capitale de la Côte d’Ivoire, et à la veille d’un appel à un sit-in devant les agences de la Compagnie d’électricité à Abidjan.

Les tarifs de l’électricité devaient augmenter en début d’année entre « 6 et 10% », selon le ministère de l’Energie, mais de nombreux abonnés ont vu leurs factures exploser à consommation égale.

Revoir sa copie

Le président ivoirien Alassane Ouattara avait publiquement demandé à la CIE de revoir sa copie au nom de la lutte contre la vie chère. Toutefois, les factures des mois suivants ont confirmé une hausse importante des prix.

« Le gouvernement est responsable de la poussée de tension sociale actuelle et des manifestations de Yamoussoukro », a accusé mardi Jean-Baptiste Koffi, le président de l’Union fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire, qui regroupe 125 associations.

M. Koffi exhorte le gouvernement et la CIE « à renoncer au projet d’augmentation du prix de l’électricité actuel, qui ne fait qu’exacerber les difficultés déjà nombreuses vécues par les consommateurs », a-t-il dit à l’AFP.

Après les hausses, le président Ouattara avait annoncé le 1er mai vouloir « mettre fin au monopole de la CIE - privatisée en 1990 et propriété du groupe franco-africain Eranove (actionnaire majoritaire) - et de la SODECI (société de distribution d’eau) » pour tenter de tirer les prix à la baisse. Les bailleurs internationaux ont récemment fait pression pour augmenter les tarifs d’électricité subventionnés par l’Etat.