Pour les femmes africaines, venir vivre en France ne fait pas disparaître la peur du sida. Vivant souvent dans la précarité, vulnérables, elles sont davantage exposées aux violences sexuelles et à des relations en échange d’argent ou d’un toit. 35 à 49 % des femmes originaires d’Afrique subsaharienne suivies pour le VIH en France ont été infectées après leur arrivée, selon une étude de l’ANRS (association nationale de recherche sur le sida) publiée mardi 19 juillet, à l’occasion de la conférence internationale sur le sida à Durban.

« Nous avons démontré qu’il y a un lien entre les relations transactionnelles (c’est-à-dire des relations sexuelles non souhaitées en échange de biens matériels ou d’un hébergement en France) et une contamination par le VIH après l’arrivée en France, explique Julie Pannetier, chercheuse à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et qui a présenté l’étude en Afrique du sud.

Trouver un toit

Sur 156 femmes vivant avec le VIH et très probablement contaminées en France, 15,3 % ont déclaré avoir été forcées à avoir un rapport sexuel contre leur volonté depuis leur arrivée contre 3,5 % dans un groupe témoin de 407 femmes africaines non infectées par le VIH. « Cela signifie qu’il y a une association statistique forte entre les violences sexuelles subies en France et la contamination par le VIH. Les femmes qui ont été infectées par le VIH en France rapportent davantage des rapports sexuels forcés » ajoute-t-elle en concluant « ces résultats montrent qu’il est nécessaire de renforcer le dispositif d’accès à un logement le plus tôt possible après l’arrivée en France ».

L’enquête a été conduite en 2012-2013 en Ile-de-France, dans 74 services de santé de la région parisienne. Elle étudie les parcours de vie, l’infection au VIH et au virus de l’hépatite B des migrants d’Afrique subsaharienne vivant en France et en majorité originaires du Cameroun, de la République démocratique du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Mali et de Centrafrique.

La 21e conférence internationale sur le Sida s’est achevée vendredi en réaffirmant l’objectif de venir à bout de a pandémie d’ici 2030.