A quinze jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Rio de Janeiro, à laquelle doit assister le président français, François Hollande, la police brésilienne a annoncé, jeudi 21 juillet, l’arrestation de dix personnes, soupçonnées de planifier une attaque terroriste pendant l’événement.

Les suspects, placés en détention provisoire, appartiendraient à un groupe virtuel, « Defensores da Sharia » (Les défenseurs de la charia), faisant la promotion de l’organisation Etat islamique (EI). Selon les autorités brésiliennes, les présumés djihadistes, programmaient l’achat d’armes, tel un fusil AK-47, afin de commettre des crimes « au Brésil et à l’extérieur du territoire ». L’emprisonnement de deux autres personnes, en cours d’examen, pourrait être décidé dans les prochaines heures.

Le coup de filet s’inscrit dans le cadre d’une opération antiterroriste dite « Hashtag » initiée en avril avec la collaboration de services étrangers de renseignement. Le fruit de ces investigations a abouti à la surveillance approfondie de plus de cent personnes réparties dans différents Etats du pays, témoignant leur sympathie pour l’EI.

Une cellule d’« amateurs »

Après l’attentat de Nice, le 14 juillet, Sérgio Etchegoyen, ministre brésilien chargé de la sécurité institutionnelle, avait avoué que la tension était « montée d’un cran » concernant la sécurité des JO.

Lors d’une conférence de presse organisée à Brasilia en fin de matinée, le ministre de la justice, Alexandre de Moraes, a expliqué que ces détentions avaient été décidées dès que les suspects étaient passés de l’échange de messages par les réseaux WhatsApp et Telegram faisant l’apologie de l’EI et du terrorisme, à la préparation d’actions concrètes.

Dans ces messages, a-t-il détaillé, les protagonistes célébraient, « de manière regrettable », la tuerie d’Orlando (49 victimes), le 12 juin en Floride, de celle de Nice (84 morts à ce jour) ou encore du Bataclan (130 décès), en novembre 2015.

En recevant des représentants de pays étrangers membres de la coalition luttant contre l’EI, « le Brésil est devenu la cible de ces personnes », a-t-il ajouté s’efforçant de minimiser la menace. Il s’agit d’une cellule d’« amateurs », a-t-il assuré, « sans aucune préparation ».

« Les forces de l’ordre sont préparées »

La veille, le ministre avait déclaré au quotidien la Folha de Sao Paulo : « Pour les JO, la criminalité [à Rio de Janeiro] nous inquiète plus que le terrorisme. » Le même jour, les autorités françaises avaient nié l’existence d’une menace visant la délégation française, impliquant un Brésilien lié à l’EI, comme l’avait indiqué le journal Libération.

Les officiels assurent ne pas céder à la peur. Mais le pays se prépare à l’horreur. Tous les cinquante mètres, des groupes de militaires armés ou de policiers sont postés sur la plage de Copacabana (Rio). Les forces armées s’entraînent ostensiblement à une éventuelle attaque terroriste, sur les plages, dans les gares ou les stades de la ville.

« Les forces de l’ordre sont préparées. Aucun autre pays n’a une telle expérience dans l’organisation de grands événements », explique une source, proche des responsables de la sécurité des JO, évoquant la Coupe du Monde de 2014 ou les Jeux panaméricains en 2007.

Interrogé par la chaîne Globo, le maire de Rio, Eduardo Paes, a estimé que la capture des dix suspects témoignait du « travail effectif » des forces de l’ordre du gouvernement fédéral pour les JO. Le même avait, le 4 juillet, qualifié d’« horrible », l’organisation de la sécurité des JO par l’Etat de Rio.