« Un échec à clarifier l’avenir de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ajouterait de l’incertitude et pèserait sur la confiance », a averti le FMi avant le G20. | POOL / REUTERS

La croissance mondiale était déjà morose. Le Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’union européenne) ne va rien arranger. Les ministres des finances et les banquiers centraux des vingt premières économies mondiales se rassemblent à Chengdu, dans l’ouest de la Chine samedi 23 et dimanche 24 juille pour préparer le G20 qui aura lieu en septembre en Chine.

Pour donner le ton de la réunion, le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé ses prévisions de croissance mondiale mardi 19 juillet de 0,1 point pour cette année et l’année prochaine, à +3,1 % et +3,5 % respectivement, en citant une raison principale : l’incertitude entourant cette sortie du Royaume-Uni de l’UE.

Au moins, cette fois-ci le pays hôte peut souffler : en février, lors de la première réunion des ministres des finances, à Shanghai, c’était la Chine qui inquiétait. Depuis, la seconde économie mondiale s’est stabilisée. Mais le monde cherche un moteur de croissance. La Chine, qui a longtemps joué ce rôle, ne peut pas tout faire, a annoncé son premier ministre, Li Keqiang vendredi 22 juillet, à la veille de la réunion.

« Il est impossible de porter tous les fardeaux du monde entier sur nos épaules », a déclaré le numéro 2 du pays, après une rencontre avec les dirigeants de six organisations économiques mondiales, dont la Banque mondiale et le FMI, à Pékin.

Inquiétudes persistantes sur la Chine

Grâce à une relance massive de l’économie, décidée par Pékin après la crise financière internationale de 2008, la Chine avait permis de soutenir l’activité mondiale quand l’Occident peinait à se remettre de la crise.

Mais, depuis deux ans, le ralentissement chinois inquiète. En janvier, une nouvelle chute des bourses et du yuan, la monnaie chinoise, avaient fait craindre une crise ouverte de l’économie chinoise. Depuis, la bourse reste au point mort, mais sans les effets de yoyo qui effraient les investisseurs, et la reprise de l’immobilier a donné un peu d’air à l’économie.

Les investissements déclenchés par les autorités ont aussi contribué à soutenir l’activité. Au deuxième trimestre, la croissance a atteint 6,7 %, comme au premier, alors que beaucoup d’économistes s’attendaient à une baisse. Le FMI a d’ailleurs relevé sa prévision de croissance pour le pays mardi, de 0,1 point, soit 6,6 % pour l’année 2016.

L’institution a toutefois mis en garde : « si la transition de la Chine n’est pas bien gérée, elle pourrait ajouter à la volatilité qui entoure l’économie mondiale ». La Chine, qui s’est enrichie en devenant l’usine du monde, tente de monter en gamme et de développer sa consommation intérieure, mais semble hésiter à mettre en place des réformes de structures promises pour faciliter cette transition.

Activité en fort repli au Royaume-Uni

Selon le FMI, c’est pourtant bien le Brexit qui risque de miner les espoirs de reprise cette année. « Un échec à clarifier l’avenir de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ajouterait de l’incertitude et pèserait sur la confiance », a averti l’organisation dans un rapport adressé aux ministres des finances du G20, publié jeudi.

D’après le cabinet Markit, l’activité s’est effondrée au Royaume-Uni en juillet. L’indice des directeurs d’achat « PMI » composite a atteint son plus bas niveau depuis 2009, avec 47,7 points en juillet, contre 52,4 en juin. Selon cet indicateur, l’activité progresse si le chiffre est supérieur à 50.

La dévaluation du yuan au enu également

Seront également sur la table des ministres des finances du G20, le financement du terrorisme et l’érosion de la base fiscale des Etat, déjà évoqués en février. Dernier sujet qui pourrait susciter des tensions, les politiques monétaires. Si la chute de la livre sterling a ajouté à la confusion en juin, la trajectoire à long terme du yuan à de quoi inquiéter : la monnaie chinoise a perdu 2,5 % par rapport au dollar depuis février.

Grâce à d’avantage d’explications sur les techniques de fixation du yuan, la dévaluation discrète n’a pas effrayé les investisseurs. Alors que de précédentes dévaluations avaient entraîné des fuites importantes de capitaux, les réserves de devises étrangères de la Banque du peuple de Chine (BPC, banque centrale) ont même légèrement augmenté le mois dernier.

Malgré les engagements répétés de Pékin à libéraliser sa monnaie, le yuan reste contrôlé par la banque centrale. Les États-Unis accusent Pékin de faire baisser sa monnaie pour promouvoir ses exportations. Jeudi 21 juillet, le secrétaire d’Etat au trésor américain, Jacob Lew a appelé ses partenaires à ne pas se lancer dans une guerre des monnaies… Suivez son regard.