L’ancienne garde des sceaux Christiane Taubira à l’Université de New York (Etats-Unis), le 29 janvier 2016. | JEWEL SAMAD / AFP

L’ancienne ministre de la justice Christiane Taubira est sortie samedi 23 juillet de sa réserve sur la vie politique française en publiant sur Facebook une longue tribune sur les attentats. Elle y dénonce « ceux qui font commerce de la peur, de l’angoisse, de la douleur d’autrui et vocifèrent sans respect des larmes », visant sans la nommer la surenchère sécuritaire de plusieurs personnalités de droite et consécutive à l’attaque de Nice, qui privilégient « leurs intérêts partisans ou leur impatience à s’emparer du pouvoir d’État ».

« Ressasser des poncifs sur les décisions de justice, prises en indépendance par des magistrats dans notre État de droit; gloser sur les effets de la prison lorsqu’aucun des tueurs du 13 novembre, ni celui du 14 juillet, n’avait d’antécédents carcéraux; rabâcher les sempiternelles récriminations fondées sur de seules motivations partisanes, c’est s’obstiner à déguiser la réalité, se réfugier derrière des incongruités confortables, se satisfaire de facilités aberrantes, se situer en deçà des nécessités régaliennes, et finalement nous exposer durablement au danger. Quand il faudrait voir de haut et voir loin », écrit Mme Taubira.

« Assécher le terrain »

L’ex-garde des sceaux, qui a démissionné du gouvernement en janvier pour cause de désaccord sur la réforme de la déchéance de nationalité, plaide que le « besoin de sûreté, ce droit imprescriptible », inclut la « préservation de nos libertés individuelles et publiques ». « Il convient de les organiser, pas de les opposer. Il revient à la puissance publique de trouver, et ce n’est pas simple, la souplesse qui permette d’ajuster le dispositif de sécurité aux multiples formes des attaques, dans la proportionnalité qu’exige l’État de droit, campé sur ses institutions solides. »

Elle en appelle aussi à « gagner la bataille du recrutement » et à « assécher le terreau où germe, pousse, jaillit cette monstruosité si froide qu’elle paraît intoxiquée », en référence à la « rhétorique djihadiste, simple, brute » qui parvient à « capter des individus en marge, au rapport parfois distendu avec la religion ».