La gymnaste Aliya Mustafina pourrait être privée de JO, comme toute la délégation russe. | Dmitry Lovetsky / AP

Le Comité international olympique (CIO) va-t-il étendre à tout le sport russe la suspension infligée à l’athlétisme, ou seulement appeler les Fédérations internationales à trier et éliminer les sportifs contaminés par le « système de dopage d’Etat » russe ? La réponse devrait être connue dimanche 24 juillet dans l’après-midi, après une réunion téléphonique de la commission exécutive du CIO.

Les athlètes russes ont déjà tous été éliminés par le Tribunal arbitral du Sport (TAS) de Lausanne, qui a confirmé que la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) avait le droit de les suspendre collectivement. Tous les autres sportifs russes candidats aux Jeux olympiques (JO) de Rio sont potentiellement menacés : les volleyeurs, champions olympiques à Londres, les lutteurs, revenus d’Angleterre avec 11 médailles, ou Aliya Mustafina, la gymnaste en or aux barres asymétriques.

Le rapport McLaren dénonce un « dopage d’Etat »

Après les nouvelles révélations du rapport McLaren, lundi, le CIO ne sera sans doute pas enclin à la clémence. Le document dénonce un « système de dopage d’Etat », depuis 2011, dans 30 sports, avec l’aide « active » des services secrets du Kremlin, comme lorsqu’ils subtilisaient les échantillons russes « sales »aux Jeux d’hiver de Sotchi 2014 pour les remplacer par des urines « propres ».

Après avoir lu ce rapport, Thomas Bach, le président du mouvement olympique, avait laissé entendre qu’il voulait taper fort : « Le CIO n’hésitera pas à prendre les sanctions les plus strictes possibles », avait-il affirmé.

De là à interdire toute présence sportive russe à Rio, comme avaient été interdits l’Afghanistan des talibans en 2000 à Sydney ou l’Afrique du Sud de l’apartheid de 1964 à 1992, il y a un pas que le CIO devrait hésiter à franchir.

Sanction individuelle ou collective ?

Plutôt qu’une suspension pure et simple du Comité olympique russe (ROC), le CIO pourrait opter pour une solution intermédiaire en demandant aux diverses Fédérations internationales de faire le tri elles-mêmes, et de ne repêcher que les sportifs qui pourraient prouver être « propres ».

Toutes les fédérations seront-elles alors aussi strictes que l’IAAF, qui n’a repêché que la seule Darya Klishina, sauvée par le fait qu’elle est basée depuis des mois en Floride, aux Etats-Unis ? Pas certain.

« Nous espérons qu’en autorisant la participation des sportifs russes, un message positif sera envoyé à la jeunesse qui mérite qu’on lui donne des preuves d’amitié, et non d’une guerre froide », avait ainsi plaidé jeudi soir l’Autrichien Marius Vizer, président de la Fédération internationale de judo.

Un casse-tête de calendrier

Au-delà de la réponse du CIO dimanche, et de celle, ensuite, des diverses Fédérations internationales, le casse-tête semble insoluble, à 13 jours du coup d’envoi des Jeux au Brésil. Car il faudra aussi compter avec les inévitables recours du Comité olympique russe ou des athlètes, qui pourront eux aussi faire appel de ces sanctions devant le TAS.

« Est-ce gérable dans le temps qui nous reste? » s’était interrogé Jean-Christophe Rolland, le président français de la Fédération internationale d’aviron : « Je ne suis pas certain que l’on puisse terminer une procédure juridiquement tenable dans ce délai ». Et de craindre que certains sportifs russes soient finalement déclarés inéligibles... « après les jeux de Rio ».