Pour l’heure, seuls les athlètes russes sont privés de Jeux olympiques. | SERGEI GRITS / AP

Une décision « décevante », un jour « triste » ou « noir ». Plusieurs agences antidopage et des sportifs ont déploré, depuis dimanche 24 juillet, la décision du Comité international olympique (CIO) de ne pas exclure la délégation russe des Jeux olympiques de Rio. Cette décision a été annoncée quelques jours après la publication du rapport dit « McLaren » commandé par l’Agence mondiale antidopage (AMA) révélant le système de « dopage d’Etat » dans le sport russe. Sur la base de ce rapport, l’agence avait aussitôt appelé à l’exclusion de la Russie des JO 2016 et de tous les événements internationaux.

Le CIO en a finalement décidé autrement, préférant demander aux fédérations internationales de chaque discipline de décider, au cas par cas, de la qualification ou non des sportifs russes, selon leurs antécédents en matière de dopage. Une décision qui divise le monde du sport.

« Le CIO a refusé de jouer un rôle leader déterminant »

« L’AMA est déçue que le CIO n’ait pas pris en compte la recommandation de son comité exécutif qui était basée sur les résultats de l’enquête McLaren » sur le dopage dans le sport russe, a déclaré le président de l’AMA, Craig Reedie. « Le rapport McLaren a mis en évidence, au-delà du doute raisonnable, l’existence d’un système d’Etat de dopage en Russie qui entame sérieusement les principes d’un sport propre comme le garantit le Code antidopage mondial », a ajouté M. Reedie. Suivre cette recommandation « aurait assuré une approche claire, forte et harmonisée », a-t-il souligné.

« C’est un triste jour pour le sport », a effectivement commenté l’Inado, l’Institut international des agences antidopage, cité par le Guardian sur son site Internet. « De façon décevante, au moment le plus important pour les athlètes propres et pour l’intégrité des Jeux olympiques, le CIO a refusé de jouer un rôle leader déterminant », a déploré Travis Tygart, directeur exécutif de l’Usada, l’agence antidopage américaine. « C’est si frustrant que [le CIO] demande de prendre le relais aux fédérations internationales, qui peuvent ne pas avoir l’expertise appropriée ou la volonté collective d’agir », a-t-il relevé. « Journée noire pour les athlètes propres », a commenté l’agence antidopage de Nouvelle-Zélande, fustigeant le CIO, « qui n’a pas su faire preuve des qualités adéquates de bonne gouvernance ».

« Incohérent »

Les sportifs aussi ont questionné cette décision. Pour la Britannique Paula Radcliffe, recordwoman du monde du marathon, cette décision marque « un jour triste pour le sport propre ». Chris Hoy, cinq fois médaillé d’or olympique en cyclisme pour le Royaume-Uni, s’est quant à lui demandé : « Quel message le CIO veut-il envoyer alors que son travail est clairement de prendre des décisions cruciales et non de renvoyer la balle » aux fédérations internationales ?

Plusieurs fédérations se sont déjà prononcées : l’ensemble de la délégation russe d’athlétisme a été privée de jeu, à l’exception de Darya Klishina, sauteuse en longueur. A l’inverse, l’ensemble des joueurs de tennis engagés pourront concourir.

« C’est totalement incohérent d’introduire une telle interdiction pour les Russes à la dernière minute, tout en autorisant des athlètes d’autres pays au même pedigree ! », s’est insurgé pour sa part le Britannique Greg Rutherford, champion olympique de saut en longueur. Une référence claire à Justin Gatlin par exemple, le sprinteur américain en lice pour le titre olympique sur 100 mètres à Rio après avoir été deux fois suspendu pour dopage, pendant cinq ans au total.

La Russie « reconnaissante »

La Russie s’est évidemment montrée « reconnaissante » de la décision « objective » du CIO, voulant croire qu’une « majorité » de sportifs russes sélectionnés par leur comité olympique (387) iraient bien à Rio.

Moscou n’est pas seule : l’ANOC, la puissante association des comités olympiques nationaux, s’est « félicitée que le CIO ait privilégié la justice individuelle à la responsabilité collective ».

Le président des comités olympiques européens, Pat Hickey, a également signifié au CIO le « soutien total » de son organisation.