Si les coureurs passent le plus clair de leur temps sur le vélo les yeux rivés sur le compteur SRM, accroché au guidon, qui leur donne de nombreuses indications chiffrées sur leur performance, c’est peut-être parce que dans le vélo plus que dans d’autres disciplines, les chiffres sont cruciaux pour essayer de dresser le bilan d’un Tour de France inédit, à plusieurs égards.

  • 174

C’est le nombre de coureurs qui ont rallié l’arrivée sur les Champs-Elysées. Parti du Mont-Saint-Michel avec 198 unités, le peloton n’a perdu que 14 coureurs pendant les trois semaines. Un record. Le précédent concernait l’édition 2010, avec 170 coureurs qui avaient rejoint l’arrivée finale. Six équipes ont même terminé la course avec leur effectif au complet : Lampre, Sky, AG2R, Astana, Lotto Jumbo et Fortuneo Vital Concept. Parmi les abandons, deux prétendants majeurs au top 5 final, Thibaut Pinot et Alberto Contador, ont dû renoncer après avoir montré leurs faiblesses en première semaine. Le premier, atteint par une bronchite, renonce aussi aux Jeux olympiques, et le second a chuté à plusieurs reprises et n’a pas pu faire montre de son tempérament offensif, qui aurait pu embellir cette 103e édition.

  • 30

Comme le nombre de victoires de Mark Cavendish sur la Grande Boucle depuis ses débuts en 2007. C’est le record de bouquets pour un sprinteur sur la course de trois semaines. Il monte aussi sur le « podium » du nombre de victoires remportées dans l’histoire du Tour. Il devance les 28 succès de Bernard Hinault et peut encore aller chercher les 34 du « Cannibale » Eddy Merckx. A 31 ans et avec encore quatre victoires lors de la 103e édition, c’est tout à fait envisageable. Voire même fort probable.

Mark Cavendish porte son total de victoires sur le Tour à trente. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

  • 39,571 km/h

C’est la vitesse moyenne, tout au long des 21 étapes, de Christopher Froome, le vainqueur. C’est à peine plus que la moyenne horaire de l’édition 2015 – pourtant moins montagneuse – mais beaucoup moins que les éditions les plus rapides. Le record absolu est détenu par Lance Armstrong qui a parcouru l’édition 2005 à 41,654 km/h de moyenne. Mais avec le déclassement du coureur américain après ses contrôles positifs, l’édition la plus rapide remonte à 2006, et la victoire d’Oscar Pereiro et ses 40,784 km/h. A noter que lors de l’édition 2013, Chris Froome avait établi sa moyenne à 40,542 km/h.

Cette baisse d’intensité sur l’édition 2016 s’explique par l’omniprésence des montagnes et de la pluie, qui a souvent perturbé les coureurs, dans les descentes de cols, notamment. Le rythme des étapes aura aussi souvent été croissant, avec un départ à allure modérée, et un tempo beaucoup plus élevé, très souvent imprimé par l’équipe Sky, à l’approche des derniers kilomètres, afin de dissuader toute attaque des rivaux de son leader.

  • 3 minutes

C’est l’écart qui sépare Romain Bardet, le deuxième du classement général, et Roman Kreuziger, le dixième. Une densité qui aura rendu incertain le podium jusqu’à l’avant-dernière étape entre Megève et Morzine, et qui donne raison au tempérament plus offensif du coureur d’AG2R, par rapport à ses adversaires.

Cet écart de trois minutes est moins important que celui qui sépare le vainqueur de son dauphin et qui réaffirme la domination outrancière de Chris Froome, qui l’emporte avec plus de quatre minutes de marge.

L’écart entre Chris Froome et Romain Bardet est plus important qu’entre le deuxième du Tour et le dixième, Roman Kreuziger. | François Guillot/AFP

  • 470 points

Le total de points marqués, tout au long du Tour, par Peter Sagan est le deuxième plus élevé de l’histoire, après les 613 unités d’André Darrigade, en 1959. Cette comparaison peut paraître inopportune étant donné que le classement a évolué à plusieurs reprises, donnant plus de points aux arrivées après 2011. Mais elle donne néanmoins à voir l’importance de Peter Sagan au sein des meilleurs coureurs de l’histoire de la Grande Boucle. Avec cinq maillots verts d’affilée, il ne pointe qu’à une longueur du record détenu par Erik Zabel.

S’il n’est pas le plus rapide des sprinteurs, il tire régulièrement bénéfice de ses capacités à grimper les pentes les plus ardues pour aller prendre des points dans les sprints intermédiaires des étapes difficiles, là où ses rivaux, comme Mark Cavendish, sont irrémédiablement lâchés. De même, sa capacité à analyser la course lui permet de prendre l’avantage sur les plus puissants du peloton. Sa victoire, devant Christopher Froome, lors de l’étape entre Carcassonne et Montpellier, en profitant des bordures causées par le vent, en témoigne.

  • 14 100 euros

C’est le total des primes récoltées par l’équipe Cannondale Drapac, sur l’ensemble de la Grande Boucle. C’est le plus petit bilan. Un monde sépare ce total de celui de l’équipe Sky, qui repart avec 599 240 euros, dont 500 000 sont dus à la prime de victoire finale. Les primes sont décernées en fonction des victoires, des passages en tête au sommet des cols et des sprints ainsi que des récompenses de combativité.

Pierre Rolland, le leader de l’équipe Cannondale, n’aura pas réussi à ramener des primes à son équipe. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

  • 1 victoire française

Une seule petite victoire française, sur les 21 étapes tout au long des trois semaines de course. Et il aura fallu patienter jusqu’à l’antépénultième étape entre Albertville et Saint-Gervais Mont-Blanc, pour voir Romain Bardet s’imposer. Une situation qui a beaucoup inquiété les commentateurs du service public, qui ont craint une année blanche comme en 1926 et 1999. Un total bien éloigné des 20 victoires hexagonales lors du Tour 1934. Autre temps, autres mœurs : les Français gagnaient même la Grande Boucle, à l’époque.