Le contenu du spot « Dear Donald » est sans détour : il s’agit d’une virulente lettre ouverte au candidat Trump, expliquant le danger qu’il représente pour les Etats-Unis.

Qu’il paraît loin le temps où une investiture de Donald Trump par les républicains ressemblait, au mieux, à de la science-fiction, au pire à une éventualité que le système – « raisonnable », lui – ne laisserait jamais passer. Le milliardaire au populisme décomplexé est bel et bien devenu, lors de la convention de Cleveland, le 22 juillet, le candidat désigné par les républicains pour la course à la Maison Blanche.

Pis, alors qu’il marquait jusqu’à présent un retard régulier, bien que de plus en plus réduit, avec sa concurrente démocrate Hillary Clinton, M. Trump bénéficie à plein de « l’effet convention », avec un bond de 6 points enregistré par un sondage de la chaîne américaine CNN, lundi 25 juillet. En face à face avec Mme Clinton, et si l’élection avait lieu aujourd’hui, le promoteur immobilier battrait l’ex-first lady de 3 points, avec 48 % des intentions de vote, contre 45 % pour la candidate.

Ce sondage est évidemment à prendre avec d’énormes précautions, surtout que la convention démocrate bat encore son plein à Philadelphie (Pennsylvanie) et qu’Hillary Clinton devrait, si tout se passe comme prévu, enregistrer le même « coup d’accélérateur » à l’issue de cette grand-messe.

Mais il n’y a plus de temps à perdre pour le camp démocrate, qui a relancé la machine de campagne avec l’initiative « Dear Donald ». Prenant acte du constat selon lequel Hillary Clinton, malgré l’adhésion dont elle bénéficie au sein du Parti démocrate, souffre d’un cruel déficit d’image auprès de l’électorat américain dans son ensemble (selon les sondages agrégés par le site RealClearPolitics, 55 % des Américains ont une mauvaise opinion d’elle), cette campagne n’a pas pour objet d’inciter à voter pour Hillary Clinton, mais contre Donald Trump.

Dear Donald Trump | Hillary Clinton
Durée : 02:25

Lettre ouverte

Le contenu du spot est sans détour. Il s’agit d’une virulente lettre ouverte au candidat républicain, expliquant par A + B le danger qu’il représente pour les Etats-Unis, et surtout pourquoi, grâce à la mobilisation des Américains, il va perdre.

« Vous ne nous représentez pas », expliquent tour à tour les militants, qui pointent les casseroles du candidat (« quand une de vos entreprises fait faillite, vous en faites payer le prix au contribuable »), son hypocrisie (« vous voulez rendre l’Amérique great again en faisant fabriquer vos tee-shirts en Chine et vos cravates au Bangladesh »), ridiculisent son appétit de pouvoir et son égocentrisme, le taxent de « cruel et étroit d’esprit »

Cette avalanche de reproches n’a qu’un objet, expliquer au candidat pourquoi il va perdre :

« Vous nous sous-estimez, (…) le 8 novembre, nous vous ferons comprendre que nous valons mieux que ça, (…), nous sommes pour l’égalité, l’empathie, cela veut dire que nous sommes contre vous.
Cordialement,
Nous »

L’heure n’est plus aux divisions ni à la mise en valeur d’Hillary Clinton, il faut ratisser large. A ce titre, l’un des protagonistes du spot porte un tee-shirt « Bernie Sanders 2016 », image qui vient souligner l’importante contribution de la campagne du sénateur du Vermont dans cette élection. Maintenant que M. Sanders a reconnu sa défaite, l’heure est venue de faire bloc contre M. Trump.

Par son message, ce clip rappelle la ligne adoptée par le sénateur socialiste pendant sa campagne. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il est l’œuvre d’Hillary for America, un super PAC (comité d’action politique, chargé de lever des fonds pour un ou plusieurs candidats) qui rassemble des donateurs individuels : la campagne de Bernie Sanders s’est notamment distinguée par un financement massif venu des électeurs « de la base ».

Les protagonistes de ce spot ont par ailleurs été soigneusement choisis pour représenter la diversité ethnique, religieuse et démographique de la société américaine (une figurante s’exprime même en espagnol), ce qui rappelle aux électeurs, plus ou moins subtilement, qu’Hillary Clinton est « LA » candidate des minorités, et qu’en novembre, il faudra aller aux urnes et voter pour elle.