Bruno Le Maire, le 19 novembre 2014. | PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Dans une actualité française toujours marquée par la menace terroriste, le député LR Bruno Le Maire a tenu dimanche 30 août à afficher sa fermeté. Interrogé dans le cadre du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, le probable candidat à la primaire de droite en 2016 a d’abord proposé l’expulsion immédiate de France des ressortissants étrangers visés par une fiche « S » des services de renseignement français, qui cible les personnes ayant notamment des liens avec le terrorisme mais qui ne sont pas forcément surveillées.

Les suspects des derniers attentats déjoués ou commis sur le territoire français ces derniers mois faisaient l’objet d’une telle signalisation : Ayoub El-Khazzani dans le Thalys, le 21 août, Yassin Salhi en Isère, le 26 juin, Sid Ahmed Ghlam à Villejuif, le 19 avril, ou encore les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, auteurs des attentats de janvier. Actuellement, entre 5 000 et 8 000 noms font l’objet d’une fiche S, dont 840 concernant des combattants étrangers qui ont pu résider en France ou qui y résident encore, selon des sources policières interrogées par l’AFP.

Aucun responsable de premier plan du parti Les Républicains n’avait encore prôné une telle mesure, déjà réclamée par Marine Le Pen juste après l’attaque du Thalys pour les « fichés S » liés à l’islam radical. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve avait alors rétorqué à la présidente du Front national que les fiches de renseignements ne sont « pas des mandats d’arrêts internationaux » : « Ces sont des outils dont disposent les services pour procéder à la surveillance de ceux sur qui ne repose aucune incrimination pénale mais qui peuvent représenter un risque de trouble à ordre publique ou à la sûreté de l’Etat ».

M. Le Maire souhaite également « que l’on renforce considérablement les moyens judiciaires de la DGSI, pour qu’à chaque fois qu’il y a une écoute, ce soit une écoute judiciaire, et qu’on puisse par conséquent interpeller l’individu plutôt que de le suivre ».

Rétablir la double peine

L’ancien candidat à la présidence de l’UMP a en outre réclamé le rétablissement de la double peine, mesure abolie en 2003 par Nicolas Sarkozy, qui accordait à la justice française le droit d’expulser vers son pays d’origine un délinquant à l’issue de sa peine de prison.

« Ce Marocain [Ayoub El-Khazzani, suspect de l’attaque du Thalys], il va être jugé en France, il va probablement être condamné. [...] A la fin de sa peine, il restera en France. Moi je veux que ce ressortissant marocain à la fin de sa peine soit expulsé immédiatement du territoire français. Je demande donc le rétablissement de la double peine pour tous les ressortissants étrangers qui ont commis des actes de terrorisme ».

Comme on lui faisait remarquer que la double peine avait été supprimée par M. Sarkozy, alors ministre de l’intérieur en 2003, M. Le Maire a répondu : « ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est la sécurité des Français. (...) Nous sommes rentrés dans une époque, nous sommes dans un autre monde. La France est la première cible de l’islamisme radical ».

Se démarquant une nouvelle fois de Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire s’est de nouveau opposé au « rétablissement du contrôle des frontières » et à la révision des accords de Schengen prônée par l’ancien président dans la gestion de la crise des migrants.