Un migrant a été tué lors d’une rixe dans la « jungle » de Calais, dans la nuit de lundi à mardi 26 juillet. Une première depuis la formation de la « jungle » au printemps 2015, selon la préfecture. | MICHEL SPINGLER / AP

Un migrant éthiopien a été tué lors de rixes dans la nuit de lundi à mardi 26 juillet aux abords de la « jungle » de Calais. Il s’agit du premier tué au cours d’une rixe entre migrants depuis la formation de la « jungle » au printemps 2015. A la fin de mai, des affrontements entre Afghans et Soudanais avaient fait 40 blessés.

La semaine dernière, un migrant d’une trentaine d’années est mort sur l’autoroute 16 (A16) aux alentours de Calais. Il s’agissait du huitième migrant mort dans le Calaisis en essayant de rallier la Grande-Bretagne depuis le 1er janvier, selon la préfecture.

Selon un porte-parole de la préfecture, deux bagarres, qui ont également fait six blessés dont un grave, ont éclaté dans la nuit « à proximité du camp opposant des migrants africains (Soudanais, Erythréens, Ethiopiens) et afghans ». Des coups de couteau et de bâton ont été échangés. Des CRS sont intervenus plusieurs fois, a affirmé une source policière.

Un migrant éthiopien, âgé de 37 ans, est mort poignardé au thorax. Il a été transporté à l’hôpital de Calais par un militant de No Border (un collectif prônant l’abolition des frontières).

Une première échauffourée a éclaté vers 1 h 15 et fait quatre blessés éthiopiens et érythréens dont un grave, puis un deuxième affrontement, peu avant 4 heures, a fait deux blessés érythréens. Toutes les blessures sont la conséquence de coups de couteau ou de coups de bâton.

Augmentation des agressions et des vols

Malgré le démantèlement des 7,5 hectares de la zone sud de la « jungle » de Calais par l’Etat en mars, le plus grand bidonville de France demeure très densément peuplé ; la majorité des migrants s’étant repliée en zone nord. Entre 50 et 70 arrivées quotidiennes sont observées, tandis que le passage en Grande-Bretagne reste très difficile : la population augmente mécaniquement, malgré les solutions alternatives proposées par l’Etat.

Environ 4 500 migrants selon les autorités – 7 000 selon les associations – vivent aujourd’hui dans la « jungle » de Calais, avec l’espoir de se rendre en Grande-Bretagne.

La situation actuelle est donc très éloignée de l’objectif plusieurs fois réaffirmé de l’Etat de réduire la population à 2 000, soit le nombre total de places disponibles au centre d’accueil provisoire conteneurs (CAP, 1 500 aujourd’hui) et au centre Jules-Ferry, où 400 femmes et enfants peuvent dormir (223 aujourd’hui). La densité de la population a fortement augmenté, et avec elle l’effet « cocotte-minute » redouté par les associations. Le 26 mai, une altercation d’une ampleur inédite entre réfugiés afghans et soudanais avait fait 40 blessés.

Anne-Lise Coury, porte-parole de la mission Médecins sans frontières à Calais, alertait il y a quelques jours : « On peut craindre une situation explosive pour les prochaines semaines. » Elle témoigne, ainsi que François Guennoc, de l’association L’Auberge des migrants, d’une augmentation des agressions, des vols, et de l’insalubrité, avec notamment l’omniprésence des rats. Sur place, l’ambiance semble indéniablement plus tendue. François Guennoc déplore également que 1 200 personnes vivent dans des tentes, parce que son association n’a plus l’autorisation de fournir des cabanons aux migrants.