Si certains fans du roi de la rumba congolaise, qui a été incarcéré mardi 26 juillet à Kinshasa pour « coups et blessures volontaires » sur l’une de ses danseuses, espèrent une indulgence de la justice congolaise, d’autres ont gardé un goût amer de son passage à Abidjan fin 2015.

Grande admiratrice du chef de village de Molokai, Bakarissa Traoré, 27 ans, esthéticienne fait défiler sur son téléphone portable les images de l’arrestation du chanteur. Soudain, elle marque un arrêt sur les menottes passées aux poignets de la star. Elle soupire longuement et se lâche : « C’est bien fait pour lui ! C’est mon artiste préféré, mais il commet un peu trop d’impairs ces derniers temps ».

« Un moment inoubliable »

En décembre 2015, Bakarissa Traoré faisait partie des milliers de spectateurs qui avaient pris place au Palais de la Culture de Treichville pour assister au concert de Koffi Olomidé. « C’était le cadeau que m’avait offert mon compagnon et j’avais tout prévu pour que cela soit un moment inoubliable », explique-t-elle.

Mais après 45 minutes de spectacle, Koffi Olomidé a mis fin à sa prestation. Il reprochait au promoteur du spectacle, le non-respect d’une clause du contrat interdisant la présence d’autres caméras dans la salle. La tension est alors montée dans la salle et les échauffourées qui se sont déclenchées avec une partie du public ont obligé l’artiste à quitter les lieux sous escorte policière. Le lendemain, ses danseuses ont été prises en otage dans leur hôtel d’Abidjan avant d’être exfiltrées par la police.

« Justice clémente »

« Il a touché le cachet du promoteur, pris notre argent et écourté notre plaisir, se désole Barakissa Traoré, qui garde malgré cela un poster de l’artiste sur le mur de son salon de coiffure de Yopougon (à l’ouest d’Abidjan). Après tout, je suis une de ses fans depuis mes 13 ans. »

Egalement présente au concert de décembre, Sylvie Koné, 26 ans, a de la peine depuis l’incarcération de son idole. « Les images sont choquantes, certes, mais il faut admettre que Papa [Koffi Olomidé] a présenté des excuses comme il se devait sur les plateaux de télévision et partout. La justice congolaise doit être clémente », plaide t-elle.

Elle attend que les juges accordent une grâce à l’artiste en tenant compte de son statut. « Ailleurs, on ne traite pas une star locale de la sorte : en l’arrêtant et en lui passant les menottes aux poignets en public », proteste-elle.