EDF vient d’avancer de façon importante pour résoudre sa difficile équation financière. Après des mois de discussions, l’entreprise publique a enfin trouvé un accord pour vendre à la Caisse des Dépôts (CDC) 49 % du capital du gestionnaire de sa filiale RTE (Réseau de transport d’électricité). Une lettre d’intention devrait être signée jeudi 28 juillet, et soumise au conseil d’administration d’EDF déjà prévu dans l’après-midi, notamment pour arrêter les comptes semestriels, indiquent deux sources convergentes. EDF et la CDC vont ainsi pouvoir entrer formellement en négociations exclusives.

Le prix sur lequel EDF et la CDC ont fini par s’entendre n’est pas connu à ce stade. Seule information : il correspond à une valorisation totale de RTE supérieure aux 6 ou 7 milliards d’euros évoqués jusqu’à présent.

L’ouverture du capital de RTE s’inscrit dans un programme de cessions d’environ 10 milliards d’euros à l’horizon 2020 prévu par EDF pour réduire son lourd endettement et financer ses importants investissements, en particulier la modernisation des centrales nucléaires et la construction à Hinkley Point, en Grande-Bretagne, de deux réacteurs de nouvelle génération, des EPR. La décision sur ce dernier projet, très contesté, doit être formellement prise lors du conseil d’administration de ce jeudi.

Forte pression

EDF envisage depuis des années de céder une partie du capital de RTE, sa filiale à 100 % chargée de gérer les 105 000 kilomètres de lignes à haute et très haute tension. Mais les syndicats s’y montrent globalement hostiles. Et en l’état actuel, la législation française impose que la totalité du capital de RTE soit détenue par EDF, l’Etat ou d’autres entreprises ou organismes appartenant au secteur public. Ce qui limite beaucoup l’éventail des acquéreurs possibles pour les parts aujourd’hui aux mains d’EDF.

Spécialiste des investissements publics dans les infrastructures et des projets à long terme, la Caisse des dépôts faisait dès le départ figure d’acquéreur évident. Mais ses dirigeants ont tenté de bénéficier de cette position pour négocier un prix réduit, et les discussions ont traîné.

Au fil des semaines, la Caisse des dépôts a néanmoins été soumise à forte pression pour se montrer un peu plus généreuse. Pression politique, mais pression aussi d’autres investisseurs intéressés par le dossier, tant des fonds que des industriels étrangers, notamment chinois et canadiens, comme Hydro-Québec. « Il ne s’est pas passé une semaine sans que tel ou tel monte au créneau, y compris des investisseurs assez exotiques », confirme un responsable public.

Au bout du compte, un accord a pu être trouvé. Avec seulement un mois de retard par rapport au calendrier fixé publiquement par le gouvernement.