Des manifestants réclament un accès universel aux traitements pour les personnes contaminées par le virus de l’hépatite B, à Barcelone le 16 avril 2016. | JOSEP LAGO / AFP

Les hépatites virales constituent un fléau mondial : 400 millions de personnes sont infectées par les virus B et C – VHB et VHC, les plus répandus parmi les cinq responsables d’une maladie humaine –, rappelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’occasion de la journée mondiale consacrée, le 28 juillet, à cette infection. Une évaluation parue le 6 juillet sur le site de la revue The Lancet chiffrait à 1,45 million le nombre de morts dues aux hépatites, un chiffre en augmentation et supérieur au 1,1 million de décès liés au VIH. Certains chercheurs le pensent encore en dessous de la réalité. L’OMS estime que seule une personne sur vingt sait qu’elle a une hépatite et seulement une sur cent est traitée.

Le plus souvent asymptomatique et passant donc inaperçue, l’hépatite virale peut prendre des formes aiguës, comme dans le cas de l’hépatite fulminante liée au VHB, mortelle en l’absence de greffe du foie. Dans 50 % à 90 % des cas avec le VHC et dans 5 % à 10 % de ceux dus au VHB, l’infection peut devenir chronique, avec le risque d’évoluer vers une cirrhose, voire un cancer du foie.

Il existe un vaccin efficace contre l’hépatite B mais pas contre l’hépatite C. Quant aux traitements, ils sont partiellement efficaces dans les deux cas, celui contre l’hépatite C ayant récemment connu un bouleversement, avec l’arrivée des antiviraux d’action directe très efficaces, mais dont le prix reste encore élevé, notamment pour les pays à revenu intermédiaire.

Même si elle est classée comme une zone de faible endémicité, la France n’est pas épargnée, avec plus de 500 000 personnes infectées : environ 280 000 par le VHB et 230 000 par le VHC, selon l’ANRS (France recherche Nord & Sud sida-VIH et hépatites). Cependant, seulement 45 % des personnes infectées par le VHB et 59 % de celles vivant avec le VHC en France connaissent leur statut.

« Outil complémentaire »

Contrairement aux hépatites A et E, transmises par voie alimentaire, celles liées aux VHB et VHC sont acquises par voie sanguine, l’hépatite B pouvant également l’être par voie sexuelle. Le dépistage des hépatites B et C cible les personnes présentant un risque particulier d’être infectées : individus originaires des zones de forte prévalence, usagers de drogues injectables, détenus, personnes vivant dans l’entourage d’un porteur du virus et, pour le VHB, personnes ayant des comportements sexuels à risque. Il s’effectue avec un test sanguin recherchant trois marqueurs de l’infection. En cas de positivité, il permet d’orienter vers une prise en charge rapide, et dans le cas contraire, de proposer la vaccination.

Des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) sont déjà déployés pour le VHC, après ceux pour le VIH, qui nécessitent d’être confirmés par un test classique. Ils offrent l’intérêt d’être plus facilement pratiqués, car ne nécessitant qu’une goutte de sang prélevée par une microponction au bout du doigt. Ils sont mieux acceptés qu’un test avec prélèvement veineux dont il faut revenir chercher les résultats et sont réalisables en dehors de structures médicales. Plusieurs TROD VHB ont été développés, mais un seul est commercialisé en France pour l’instant. Il ne détecte qu’un seul marqueur de l’infection par le VHB, l’antigène HBs.

Néanmoins, le ministère de la santé a sollicité l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) afin qu’elle évalue l’intérêt du TROD VHB. L’instance a rendu son avis lundi 25 juillet et estime qu’il s’agit d’un « test d’utilisation simple qui permet d’atteindre des populations particulièrement exposées, insuffisamment dépistées ou éloignées des structures de soins ». Elle juge que le TROD VHB est « un outil complémentaire au test sanguin classique ».

Un résultat positif devra être confirmé par le test sanguin de référence et, si tel est le cas, une prise en charge doit être proposée ainsi qu’une vaccination de l’entourage familial. Si le TROD VHB est négatif, « une confirmation par le test sanguin classique devra être encouragée afin de savoir si la personne peut bénéficier d’une vaccination. » Enfin, la HAS recommande de développer une stratégie de dépistage combiné du VIH et des hépatites B et C appuyée sur les TROD et ciblant les populations à risque.