Le cardinal André Vingt-Trois a rendu hommage, le 27 juillet à Notre-Dame de Paris, au prêtre tué le 26 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray. | DOMINIQUE FAGET / AFP

« Silence des élites devant les déviances des mœurs et légalisation de ces déviances. » Cette phrase de l’homélie du cardinal André Vingt-Trois prononcée lors de la messe à Notre-Dame de Paris en hommage au prêtre assassiné mardi à Saint-Etienne-du-Rouvray suscite des remous, jeudi 28 juillet.

Dans son sermon fleuve de mercredi soir, l’archevêque de Paris s’est élevé contre les « peurs » et « silences » de la société française. « C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces », a-t-il dit.

Mais ses propos sur « les déviances des mœurs » ont été interprétés comme une allusion au mariage homosexuel, dont le cardinal Vingt-Trois a été l’un des opposants les plus actifs au sein de l’épiscopat avant l’adoption de la loi Taubira en 2013.

Une « phrase indigne »

Corinne Narassiguin, porte-parole du Parti socialiste, s’est dite « effarée » que le cardinal « dénonce le mariage pour tous » pendant son « homélie sur l’espérance face au terrorisme ». Esther Benbassa, sénatrice Europe Ecologie-Les Verts, a fustigé une « phrase indigne ». C’est « d’une violence inouïe », a renchéri l’ancienne ministre UMP Roselyne Bachelot, pour qui « le combat continue contre les discriminations ».

L’entourage du cardinal Vingt-Trois a assuré que cette phrase « visait un ensemble de mesures relatives à la bioéthique, au début et à la fin de vie, à la famille, et se voulait bien plus globale et générale que la question du mariage homosexuel ».

Vincent Neymon, porte-parole de la Conférence des évêques de France, a défendu « le courage d’affirmer ce à quoi on croit » :

« Cette polémique est la parfaite illustration de ce qu’a voulu dire le cardinal : on entend des indignations qui finalement font beaucoup de bruit, alors que si on prenait un peu de recul, on comprendrait que ça n’a pas beaucoup d’intérêt. Ce n’est pas parce que l’Eglise parle de déviances qu’elle condamne les personnes qui les vivent : elle est même la première à les accueillir. »