Le Conseil d’Etat a rejeté, jeudi 28 juillet, la demande de suspension de la vidéosurveillance de Salah Abdeslam, seul membre présumé des commandos djihadistes du 13 novembre encore en vie, estimant qu’elle ne portait pas une « atteinte excessive » à sa vie privée.

« Ni la loi autorisant cette vidéosurveillance ni son application au requérant ne portent une atteinte excessive à la vie privée de l’intéressé », estime dans un communiqué la plus haute juridiction administrative. Les juges des référés ont notamment « relevé que cette mesure se justifiait par le contexte d’attentats terroristes en France et la présomption que le requérant bénéficie du soutien d’une organisation terroriste internationale ».

Le détenu le plus surveillé de France avait saisi le Conseil d’Etat pour obtenir la suspension de sa mise sous vidéosurveillance en invoquant une atteinte grave et manifestement illégale à sa vie privée. Débouté de sa demande en première instance par le tribunal administratif de Versailles, il a fait appel en utilisant une procédure d’urgence et trois juges ont été mobilisés jeudi pour examiner sa requête.

« Je pense qu’il parlera »

Salah Abdeslam, 26 ans, est détenu à l’isolement à Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande prison d’Europe, dans une cellule spécialement aménagée, sous la surveillance ininterrompue de caméras – deux dans sa cellule, d’autres dans sa cellule d’activité et pour ses promenades. « On est arrivé à un point de rupture. On ne peut pas vivre à 100 % sous la surveillance de Big Brother », avait expliqué l’avocate de Salah Abdeslam au Conseil d’Etat, Claire Waquet, qui soupçonnait le ministère de vouloir renouveler le dispositif « tous les trois mois pendant quatre ans, jusqu’à la tenue de son procès ».

« Je suis témoin, pour l’avoir visité dix fois, que Salah Abdeslam ne supporte plus cette vidéosurveillance », avait expliqué son autre avocat, Franck Berton. « Je veux qu’il parle et je pense qu’il parlera mais pour l’instant, il a fait vœu de silence », constate-t-il, en liant son attitude à « cette vidéosurveillance dont il ne veut plus ».