La chancelière Angela Merkel lors d’une conférence de presse, à Berlin, le 28 juillet, a rappelé la mission « historique » de l’Allemagne sur la question de l’accueil des réfugiés. | TOBIAS SCHWARZ / AFP

C’est une Angela Merkel décidée, volontaire et ferme qui est intervenue, jeudi 27 juillet, devant des journalistes venus très nombreux à Berlin suivre sa conférence de presse estivale anticipée. La chancelière a interrompu ses vacances sous la pression des événements et de l’opinion : les voix étaient toujours plus nombreuses à s’étonner de son absence alors que l’Allemagne venait de connaître, à Ansbach, le premier attentat-suicide terroriste sur son territoire, perpétré de surcroît par un réfugié syrien, ceci moins d’une semaine après l’attaque à la hache par un réfugié afghan dans un train près de Würzburg et la fusillade à Munich, qui a fait huit morts en plus du forcené.

Le contexte politique était devenu extrêmement tendu ces derniers jours pour Mme Merkel. Les attaques, qui ont eu lieu en Bavière, ont donné l’occasion aux responsables de la CSU, alliée de la chancelière mais très critique sur sa politique d’accueil, de beaucoup intervenir. Ils ont pu montrer non seulement que leurs craintes concernant les réfugiés pouvaient être justifiées, mais aussi leur grande maîtrise des situations de crise.

Forts de cette aura, les responsables de ce parti ont décrété la fin de la trêve sur le thème des réfugiés et ont rappelé leur revendication d’un plus grand contrôle des frontières et des migrants déjà arrivés sur place, ainsi qu’une facilitation des reconduites à la frontière, « jusque dans les régions en crise ».

Contrôle et échange d’information

La demande d’un renforcement des contrôles s’était beaucoup manifestée après l’attentat d’Ansbach, à droite, mais aussi jusque chez la présidente du groupe parlementaire Die Linke (gauche) au Parlement, Sahra Wagenknecht.

Durant sa conférence de presse, Angela Merkel a répondu, à sa manière, à cette attente de fermeté. Elle a condamné les attentats de Würzburg et d’Ansbach, qui ont « brisé un tabou », perpétrés par des criminels « pathétiques, affligeants et déprimants ». Ces réfugiés « ont bafoué le pays qui les a accueillis », mais aussi « les personnes qui les ont aidées », a-t-elle lancé. Il s’agit là d’un message fort, dans une Allemagne où les bénévoles ont joué un rôle déterminant dans l’organisation de l’accueil d’urgence des migrants, à l’hiver 2015-2016.

La chancelière a également annoncé un plan en plusieurs points visant à renforcer le système de contrôle et d’échange d’information concernant les migrants sur place, ainsi qu’une concession à la CSU sur l’intervention éventuelle de l’armée dans les situations de crise.

En revanche, elle n’a rien cédé sur le cœur de sa politique, une conviction personnelle apparemment très profonde : l’Allemagne va poursuivre sa politique d’accueil des réfugiés des pays en crise.

« J’en ai décidé ainsi »

Elle a rappelé les circonstances humanitaires de sa décision, en septembre 2015, d’ouvrir les frontières aux réfugiés sur la route des Balkans. Et répété la mission « historique » de l’Allemagne sur cette question. Pas question non plus de renvoyer des réfugiés dans des pays en guerre.

Maladresse ou erreur politique ? La chancelière était manifestement gênée pour justifier sa décision de ne pas s’être déplacée en Bavière depuis lundi alors que, comme elle l’a rappelé, elle s’était rendue immédiatement à Barcelonnette sur les lieux du crash de l’avion de la Germanwings en mars 2015. « J’en ai décidé ainsi », a-t-elle déclaré pour toute explication.

Mme Merkel a néanmoins confirmé qu’elle serait présente à Munich lors de la cérémonie, dimanche 31 juillet, en mémoire des victimes du 22 juillet tuées dans un centre commercial.