LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine, Le Monde des livres voit flou et artistique à la fois, plonge dans différents procès, dont celui de Barrès par les dadaïstes, et suit un aide-soignant dans son combat pour la solidarité.

ESSAI. « Une histoire du flou. Aux frontières du visible », de Michel Makarius

S’il est une tradition intellectuelle qui est étrangère au flou, c’est bien la française, remarque Michel Makarius : « Seul le flou artistique semble bénéficier d’une indulgence, quoique teintée d’ironie : (…) accolés l’un à l’autre, flou et artistique apparaissent alors comme le reflet l’un de l’autre ». Il est donc hardi de se lancer dans une histoire du flou. Deux perspectives sont ouvertes par l’auteur : l’une sur le portrait, l’autre sur la peinture à l’heure de la photographie. Ce n’est plus dans la précision de la ressemblance que le visage donne à voir sa vérité mais dans ce que l’artiste suggère par le tremblé de son geste. Julie Clarini

« Une histoire du flou. Aux frontières du visible », de Michel Makarius, Le Félin, « Les marches du temps », 140 p., 23 €.

RÉCIT. « En procès. Une histoire du XXe siècle », du collectif Inculte

« Raconter l’histoire du XXsiècle à travers celle des procès qui l’ont jalonnée », en évitant les « marqueurs unanimement reconnus, ceux de Nuremberg ou d’Eichmann », tel est ici le projet du collectif Inculte. Mathias Enard écrit ainsi sur le procès de Gavrilo Princip, jugé pour sa participation à l’attentat de Sarajevo, en 1914 ; Thomas Clerc revient sur celui de Maurice Barrès par les dadaïstes, en 1921 ; Julia Deck s’amuse du procès Pechiney de 1993. Le procès, rappellent Arno Bertina et Mathieu Larnaudie, rend compte « de l’état d’une société », il est « la caisse de résonance des valeurs, des croyances et des combats, la chambre d’enregistrement de ce qu’il advient à l’âme, au désir (…), au corps ». Florence Bouchy

« En procès. Une histoire du XXe siècle », du collectif Inculte, Inculte/Dernière Marge, 242 p., 17,90 €.

ROMAN. « Les Fondamentaux de l’aide à la personne revus et corrigés », de Jonathan Evison

Il y a tant de choses auxquelles Benjamin Benjamin voudrait échapper. Par ordre de gravité : sa voisine folle, les moqueries sur son nom, les papiers du divorce que sa femme veut le voir enfin signer, le souvenir du drame qui a entraîné leur séparation… Ex-père au foyer, il choisit de fausser compagnie à ses problèmes en s’occupant de ceux des autres, et en devenant aide-soignant. Le voilà embauché pour assister dans sa vie quotidienne Trev, 18 ans. Cloué à son fauteuil roulant, condamné à moyen terme, il est aussi curieux des filles que du monde, et Benjamin réussit à convaincre sa mère qu’il peut emmener le jeune homme faire un voyage en minibus à travers les Etats-Unis. Raphaëlle Leyris

« Les Fondamentaux de l’aide à la personne revus et corrigés » (The Fundamentals of Caregiving), de Jonathan Evison, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Odile Fortier-Masek, Monsieur Toussaint Louverture, 352 p., 20 €.