SFR compterait supprimer 5 000 postes, soit plus du tiers de ses 14 000 emplois. | PHILIPPE HUGUEN / AFP

La tension monte autour de SFR : la ministre du travail Myriam El Khomri recevra mardi 2 août la direction et les syndicats de l’opérateur de télécoms, qui pourrait supprimer plus du tiers de ses effectifs après l’expiration, l’an prochain, des engagements de son propriétaire Patrick Drahi.

Mme El Khomri a annoncé vendredi sa volonté de s’assurer ainsi « du respect des engagements pris sur l’emploi et les investissements » lors du rachat en 2014 de SFR par Altice, le groupe de M. Drahi. A l’époque, une garantie de maintien de l’emploi pendant trois ans avait été conclue, et elle prendra fin le 1er juillet 2017. La ministre entend ainsi répondre aux inquiétudes des salariés qui, en pleine négociation avec la direction sur la réorganisation à venir du groupe, ont assuré que l’opérateur comptait supprimer 5 000 de ses 14 000 emplois.

Un opérateur « en sureffectif »

« Avant d’annoncer des suppressions d’emplois, il faudrait peut-être que [les dirigeants de SFR] parlent de la stratégie et du modèle économique qu’ils veulent mettre en place. Or ils n’en parlent pas du tout », a déclaré Laurence Barma, de la fédération CFDT-F3C, qui qualifie cette annonce de « brutale ».

La direction a tenté de minimiser ces craintes. Elle assure qu’aucun chiffre n’a été annoncé aux syndicats et rappelle que ces derniers se sont accordés sur la nécessaire réorganisation d’un groupe, qui a enchaîné les acquisitions ces dernières années. Les dirigeants du groupe n’ont jamais caché le fait qu’ils estiment l’opérateur télécoms en « sureffectif », comme l’a déclaré M. Drahi, pour qui la « garantie de l’emploi a rendu les choses compliquées et créé des tensions ». « On est quand même dans une situation en France où tous nos concurrents ont licencié à tour de bras, et nous, on a pris une garantie sur trois ans à un moment où on vend à 1 euro par mois des abonnements », a-t-il déclaré en juin.

« Beaucoup de gens en souffrance et en burn-out »

Mais, pour les syndicats, une réorganisation aussi drastique risque de mettre à mal le fonctionnement même d’une entreprise où les conditions de travail se seraient déjà nettement durcies depuis son rachat. « Ce qu’on voit, c’est déjà beaucoup de gens en souffrance et en burn-out. Cela ne pourra que s’aggraver avec les suppressions d’emplois », estime une source syndicale, quand une autre se demande « comment l’entreprise pourra fonctionner avec si peu de salariés ».

En creux, les syndicats dénoncent « une casse industrielle » qui pourrait remettre en question la qualité de service auprès des clients. La direction met en avant la rationalisation mise en place au niveau du groupe, qui lui permet notamment d’organiser une spécialisation de la recherche et développement par pays, au bénéfice de l’ensemble des entreprises du groupe.