L’amour et le sexe pimentent « Lovesick » et « Eastsiders », les deux séries que vous recommande Le Monde cette semaine.

« Lovesick », amoureux transis

TRAILER: Scrotal Recall | Thursday 2nd October | Channel 4
Durée : 00:41

Lors de sa sortie sur le petit écran de la chaîne britannique Channel 4, la minisérie « Lovesick » (2014), que Netflix vient de rendre disponible à l’échelle internationale, s’appelait « Scrotal Recall », un jeu de mots de salle de garde en référence au film Total Recall (1990), de Paul Verhoeven. L’allusion génitale a du sens : les six épisodes de cette sitcom sont l’occasion pour Dylan, blond adolescent attardé au charme fou, de recontacter autant d’anciennes liaisons féminines auxquelles il aurait pu transmettre la chlamydiose qu’on vient de lui diagnostiquer.

Chaque fois, le récit opère un flash-back, où l’on retrouve Dylan flanqué de ses deux inséparables amis et colocataires, Luke, beau brun dragueur et coucheur mais d’un vide abyssal, et la jolie Evie, métisse aux yeux clairs. Dylan en pince pour Evie, mais ne veut se rendre à cette évidence, multipliant les relations plus ou moins durables, tandis qu’Evie, qui n’en pince pas moins pour Dylan, se console comme elle peut avec un garçon qu’elle feint de prendre pour l’homme de sa vie.

Ce joli thème, ressassé mais inusable, aurait pu mener à un traitement dramatique subtil et touchant. C’est parfois le cas, mais l’ensemble est plutôt mené sur un ton badin et irrévérencieux, un peu puéril à l’occasion, qui se situe à l’intersection du film Quatre mariages et un enterrement (1994), de Mike Newell, des séries « Skins » (2007-2013), de Jamie Brittain et Bryan Elsley, et de « Friends » (1994-2004), de Marta Kauffman et David Crane… Renaud Machart

« Lovesick », de Tom Edge. Avec Johnny Flynn (Dylan), Daniel Ings (Luke), Antonia Thomas (Evie), Joshua McGuire (Angus), (GB, 2014, 6 x 25 min.). Netflix.com à la demande.

« Eastsiders », sexuellement fluide

EASTSIDERS The Series - Official Trailer
Durée : 01:43

La minisérie « Eastsiders » a vécu un cheminement singulier : lancée grâce à un financement participatif sur le site Internet Kickstarter, elle s’est fait connaître par la diffusion de ses deux premiers épisodes sur YouTube en 2012. La chaîne nord-américaine Logo en a racheté les droits et a diffusé le reste des 9 épisodes de la première saison à partir d’avril 2013. La deuxième saison (2015) a été produite par le site de visionnage payant à la demande Vimeo, qui en a gardé les droits exclusifs jusqu’en octobre 2015, date à laquelle d’autres plates-formes l’ont proposée – dont Netflix, depuis le 7 juillet 2016 – en sus d’une édition DVD.

« Eastsiders » met en scène une bande d’amis, homosexuels pour la plupart, mais le propos a ceci d’intéressant qu’il n’est en rien procommunautaire : les liens sont sexuellement « fluides », de sorte que gays, lesbiennes, bi et hétéros incarnent parfaitement la poly- et métro-sexualité de la jeunesse d’aujourd’hui. On notera la participation, dans le rôle d’une mère pro-gay et au gosier très pentu, de l’ancienne actrice pornographique Traci Lords – qui avait défrayé la chronique en jouant dans des films X avant sa majorité –, absolument formidable, comme, d’ailleurs, le reste de la distribution de cette attachante série, dont la fin du dernier épisode de la saison 2 laisse penser qu’elle pourrait un jour connaître une suite. R. Ma.

« Eastsiders », de Kit Williamson. Avec Van Hansis (Thom), Kit Williamson (Cal), John Halbach (Ian), Constance Wu (Kathy), Matthew McKelligon (Jeremy), Traci Lords (Valerie), Brea Grant (Bri). (US., 2012-2014, 15 x 10-23 min.) Saisons 1 et 2 sur Netflix.com à la demande.