Un hélicoptère a largué, dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 août, des bonbonnes de gaz toxique au-dessus de la ville de Sarakeb, à proximité de l’endroit où un hélicoptère russe a été abattu quelques heures plus tôt, a dénoncé la Protection civile syrienne, un groupe humanitaire opérant dans les territoires contrôlés par les rebelles en Syrie. Selon un porte-parole, 33 personnes, essentiellement des femmes et des enfants, ont été intoxiquées par le gaz.

Les bénévoles de la Protection civile qui se sont rendus sur les lieux de l’attaque à Sarakeb, localité de la province d’Idlib située dans le nord-ouest de la Syrie, soupçonnent que le gaz utilisé était du chlore mais n’ont pas pu le vérifier. Une vidéo de l’association postée sur YouTube montre des hommes peinant à respirer prendre des masques à oxygène auprès des « casques blancs » de la protection civile.

« Les yeux injectés de sang »

Ibrahim Al-Assad, un médecin ayant traité les victimes cité par le Guardian, a décrit leur état : « Tous avaient des problèmes respiratoires et pulmonaires avec des symptômes bénins, modérés ou sévères, ils toussaient et avaient les yeux injectés de sang. Ils sentaient le chlore et les travailleurs de la Protection civile qui les ont sauvés ont aussi dit qu’il y avait une forte odeur de chlore sur le lieu de l’attaque. »

Selon le porte-parole de l’organisation, il s’agirait de la deuxième attaque au gaz toxique à Sarakeb. Le groupe suspecte également que du gaz chloré a été à l’origine de neuf autres incidents dans la province d’Idlib depuis le début du conflit. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), proche de l’opposition, a également rapporté que des barils d’explosifs étaient tombés sur Sarakeb lundi dans la soirée, blessant de nombreux civils.

« Si c’est vérifié, c’est extrêmement grave », a réagi John Kirby, porte-parole du département d’Etat américain, tout en précisant que les Etats-Unis n’étaient pas en mesure de vérifier les accusations de la Protection civile syrienne.

Des accusations toujours démenties par Damas

La Coalition nationale syrienne (CNS, opposition) a elle accusé le gouvernement de Bachar Al-Assad d’avoir mené une attaque au gaz toxique. Jusqu’à présent, Damas a toujours démenti de telles accusations. L’agence de presse officielle SANA a par ailleurs affirmé dans la journée que les rebelles avaient tiré des roquettes chargées de gaz toxiques sur un quartier du centre-ville d’Alep tenu par les forces loyalistes, tuant cinq personnes et provoquant des gênes respiratoires chez huit autres personnes.

Des enquêteurs de l’ONU ont établi qu’une attaque au gaz sarin avait fait plus d’un millier de morts dans la banlieue de Damas en août 2013. Les pays occidentaux avaient alors accusé le régime de Bachar Al-Assad mais le gouvernement, comme les forces d’opposition, ont toujours nié avoir utilisé des armes chimiques.

Le ministère de la défense russe a annoncé lundi qu’un hélicoptère de transport de l’armée russe avait été abattu à proximité de cette même ville de Sarakeb, tuant ses cinq occupants. L’hélicoptère de transport militaire Mi-8 s’est écrasé après avoir livré, selon le Kremlin, une aide humanitaire vers la ville d’Alep, plus à l’est. Il retournait vers la principale base aérienne russe dans la province côtière de Lattaquié.