Séries sur Netflix à la demande

TRAILER: Scrotal Recall | Thursday 2nd October | Channel 4
Durée : 00:41

Deux séries anglo-saxonnes, proposées par Netflix, illustrent le nouvel ordre amoureux de la jeunesse d’aujourd’hui.

Lors de sa sortie sur le petit écran sur Channel 4, en 2014, la minisérie britannique « Lovesick », que Netflix (qui diffusera les huit épisodes de la saison 2 en novembre) vient de rendre disponible à l’échelle internationale, s’appelait « Scrotal Recall » – un jeu de mot de salle de garde en référence au film Total Recall (1990), de Paul Verhoeven. L’allusion génitale a du sens : les six épisodes de cette sitcom sont l’occasion pour Dylan – adolescent attardé, blond et au charme fou – de recontacter autant d’anciennes liaisons féminines auxquelles il aurait pu transmettre la chlamydiose qu’on vient de lui diagnostiquer. Chaque fois, le récit opère un flash-back où l’on retrouve Dylan flanqué de ses deux inséparables amis et colocataires, Luke – beau dragueur au vide intellectuel abyssal – et Evie – jolie métisse aux yeux clairs.

Luke (Daniel Ings), Elvie (Antonia Thomas) et Dylan (Johnny Flynn) dans la série de Channel 4 «  Scrotal Recall », rebaptisée « Lovesick  » par Netflix pour sa diffusion à l’échelle internationale. | DR

Dylan et Evie en pincent secrètement l’un pour l’autre. Mais l’un évite le sujet, en multipliant les relations plus ou moins durables, tandis que l’autre se console comme elle le peut avec un garçon qu’elle feint de prendre pour l’homme de sa vie. Ce joli thème, ressassé mais inusable, aurait pu être traité de manière subtile et touchante. Cependant, l’ensemble est mené sur un ton badin – mais un peu puéril à l’occasion – et irrévérencieux, à l’intersection du film Quatre mariages et un enterrement (1994), de Mike Newell, et des séries « Skins » (2007-2013), de Jamie Brittain et Bryan Elsley, et « Friends » (1994-2004), de Marta Kauffman et David Crane.

Poly- et métro-sexualité

La minisérie nord-américaine « Eastsiders » a, elle, vécu un cheminement singulier : lancée grâce à un financement participatif en ligne sur Kickstarter, elle s’est fait connaître par la diffusion de ses deux premiers épisodes sur YouTube, en 2012. L’année suivante, la chaîne nord-américaine Logo en rachetait les droits et diffusait le reste des neuf épisodes de la première saison. La deuxième saison (2015) a été produite par le site de visionnage payant à la demande Vimeo, qui en a gardé les droits exclusifs jusqu’en octobre 2015, date à laquelle d’autres plates-formes l’ont proposée – dont Netflix, depuis le 7 juillet – en sus d’une édition sur DVD.

EASTSIDERS The Series - Official Trailer
Durée : 01:43

Comme « Lovesick », « Eastsiders » met en scène une bande d’amis entre 20 et 30 ans, homosexuels pour la plupart. Le propos a ceci d’intéressant qu’il n’est en rien procommunautaire : gays, lesbiennes, bis, travestis et hétéros incarnent parfaitement la fluidité de la poly- et métro-sexualité de la jeunesse d’aujourd’hui. Alors que la saison 1 était découpée en épisodes courts (de 10 à 12 minutes), où tout était dit avec la justesse d’un haïku télévisuel, on regrette que la saison 2, qui double le temps moyen de chacun d’entre eux, perde de sa force et de sa poésie en délayant plutôt qu’en suggérant.

Mais on se réjouira de la participation, dans le rôle d’une mère pro-gay, de Traci Lords – qui, voici trente ans, avait défrayé la chronique en jouant dans des films X avant sa majorité –, absolument formidable. Comme, d’ailleurs, le reste de la distribution de cette série, joliment réalisée par Kit Williamson, qui incarne de surcroît le rôle principal.

« Lovesick », de Tom Edge. Avec Johnny Flynn, Daniel Ings, Antonia Thomas, Joshua McGuire (GB, 2014, 6 x 25 min).

« Eastsiders », de Kit Williamson. Avec Van Hansis, Kit Williamson, John Halbach, Constance Wu, Matthew McKelligon, Traci Lords (EU, 2012-2014, saisons 1 et 2, 15 x 10 et 23 min).