Le président français, François Hollande, serre la main de l’ancien footballeur brésilien Paulo César, lors de sa visite à Rio, jeudi 4 août. | JACK GUEZ / AFP

A peine arrivé sur le tarmac au Brésil, François Hollande se présente face aux caméras : « C’est la France qui, à travers Paris, est candidate, et il était de mon devoir d’être là pour rencontrer le plus grand nombre possible de représentants du mouvement olympique et les convaincre que Paris est le meilleur choix. » Nul doute : si le chef de l’Etat assistera vendredi 5 août à la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Rio de Janeiro, « pour soutenir les athlètes français », c’est avant tout vers 2024 et la candidature de la capitale française qu’il regarde. En ambassadeur de luxe, il a même fait peindre le logo retenu pour le dossier la Ville Lumière sur le nez de son avion.

Peu avant l’atterrissage, le chef de l’Etat avait détaillé en petit comité les avantages de la candidature française. « Notre premier atout, c’est que toute la France est derrière la candidature de Paris, Marseille accueillerait par exemple les compétitions nautiques : c’est tout un pays qui va se mobiliser, avec toutes les sensibilités politiques », explique-t-il. Pour preuve, la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, et la présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, ont mis leurs différends de côté et sont présentes à Rio.

« Nous avons appris de nos échecs passés »

Deuxième argument retenu, celui de l’expérience, avec plusieurs compétitions sportives organisées ces dernières années, dont l’euro de football en juin 2016. « Ce savoir faire s’est amélioré, nos équipements sont plus adaptés, nous avons appris de nos échecs passés », confie le chef de l’Etat, en référence à la victoire de Londres face à Paris pour l’organisation des JO de 2012. L’attribution de ceux de 2024 pourrait ressembler à une forme de compensation. Avec la dimension symbolique en prime, cent ans après les JO de 1924. « L’atout nostalgique est un argument assez faible », relativise François Hollande.

Les responsables politiques ont également revu leur copie par rapport à 2012. « Il faut faire campagne avec discrétion, les politiques ne doivent pas se substituer aux sportifs, sinon c’est la défaite assurée », assure le chef de l’Etat, qui enchaînera tout de même les rencontres avec les officiels du Comité international olympique et avec le président de l’institution, l’Allemand Thomas Bach. « Je note que John Kerry et Matteo Renzi seront également là », s’amuse François Hollande, alors que Los Angeles et Rome sont sur les rangs, ainsi que Budapest.

Suspendu à l’actualité nationale

Dans la difficile compétition qui s’annonce, François Hollande sait que la plus grande faiblesse du dossier parisien est le risque terroriste qui pèse désormais sur la France et pourrait dissuader les organisateurs. Le déplacement à Rio était d’ailleurs suspendu à l’actualité nationale. Dans l’avion, le chef de l’Etat se tient informé. En pleine nuit, il a reçu la nouvelle d’une attaque au couteau à Londres, potentiellement terroriste, avant que cette piste soit écartée quelques heures plus tard. Du doigt, il montre la cabine du transmetteur chargé de le maintenir en contact permanent avec Paris : « A tout moment, je réfléchis sur les délais pour rentrer. S’il s’était passé quelque chose de grave, on aurait même pu faire demi-tour. Mais l’erreur serait de dire : je ne me déplace plus. Il faut montrer que la vie continue. »

« La France a besoin des valeurs de l’olympisme (...) face à la barbarie »

Pour le dossier olympique, le chef de l’Etat veut même en faire un avantage. « La France a besoin des valeurs de l’olympisme – la tolérance, la diversité, le partage, l’unité – face à la barbarie », estime-t-il. Lors d’un dîner organisé par la presse présidentielle la veille, il avait également lancé en guise d’avertissement : « Aucun pays ne doit penser qu’il est à l’abri d’un acte terroriste. » Manière de dire que la menace ne concerne pas que Paris.

Après ces 48 heures à Rio, le chef de l’Etat devrait poursuivre son lobbying dans les mois qui viennent. En octobre, il recevra à Paris les membres de la délégation du Comité international olympique, venu pour évaluer la candidature. L’élection de la ville hôte n’aura lieu, elle, que le 11 janvier 2017. Avec une présidentielle entre-temps, rien n’indique que François Hollande sera le président qui portera la candidature jusqu’au bout.