LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine, Le Monde des livres assiste à des dîners pour défunts, explore les tableaux de Jérôme Bosch et revit une catastrophe de la conquête de l’Ouest.

ARTS. « Dîner Fantasma » de Ryoko Sekiguchi et Felipe Ribon et « Fade » de Ryoko Sekiguchi

Les morts mangent-ils ? L’écrivaine Ryoko Sekiguchi, japonaise mais écrivant en français, et le designer franco-colombien Felipe Ribon, auraient donné il y a quelque temps des dîners pour fantômes à l’instigation d’un mystérieux amphitryon romain nommé K. W. De cette cuisine spirite reste un livre illustré où Sekiguchi nous fait part des difficultés du duo : que mangent les morts ? Quelles sont leurs manières de table ? Et peut-on réaliser des recettes depuis l’au-delà ? Dans l’opuscule Fade, elle interroge le sens de ce mot par-delà son acception culinaire : il semble bien, conclut-elle, que les Français appellent « fade » ce pour quoi ils n’ont aucun goût. Eric Loret

Manuella éditions

« Dîner Fantasma », de Ryoko Sekiguchi et Felipe Ribon, Manuella Editions, 192 p., 20 €. « Fade », de Ryoko Sekiguchi, Les Ateliers d’Argol, 96 p., 15 €.

ESSAI. « Un sombre pressentiment. A la rencontre de Hieronymus Bosch », de Cees Nooteboom

Un sombre pressentiment propose une « rencontre » avec Jérôme Bosch, compatriote de Cees Nooteboom, mort il y a cinq cents ans. On croit connaître les visions fantasmagoriques du peintre, mais on s’aperçoit qu’on ne les a jamais vraiment bien « vues ». Des exégèses les plus savantes aux célèbres interprétations freudiennes ou surréalistes, Nooteboom a tout lu. Pourtant, son texte invite à revisiter cette œuvre avec seulement une lampe grossissante. D’un œil tout propre. Histoire de voir, « les détails et les détails des détails ». Le tout assorti d’une passionnante réflexion sur ce que c’est que voir. Florence Noiville

Phébus

« Un sombre pressentiment. A la rencontre de Hieronymus Bosch » (Een duister voorgevoel. Reizen naar Jheronimus Bosch), de Cees Nooteboom, traduit du néerlandais par Philippe Noble, Phébus, 80 p., 29,90 €.

BD. « Truckee Lake », de Christophe Hittinger

En mai 1846, un groupe de 87 pionniers quitte le Missouri dans le but de rejoindre la Californie, terre aux mille promesses. Mais le parcours devient un véritable enfer sur Terre. Privilégiant l’illustration par rapport à la narration en cases, le dessinateur Christophe Hittinger relate avec précision ce haut fait de la mythologie américaine. Les visages hallucinés de ses personnages, dépourvus aléatoirement d’éléments (nez, oreilles…) quand ils ne ressemblent pas carrément à des animaux, renvoient le reflet d’une humanité prête à tout pour survivre. Frédéric Potet

The Hoochie Coochie

« Truckee Lake », de Christophe Hittinger, The Hoochie Coochie, 168 p., 20 €.