Le Soudan du Sud a accepté vendredi 5 août le principe de l’envoi sur son territoire d’une force régionale, a affirmé Mahboub Maalim, le secrétaire exécutif de l’organisation des Etats d’Afrique de l’Est (Igad) à l’issue d’un sommet à Addis Abeba en Ethiopie. Cette mesure fait suite à plusieurs affrontements dans la capitale Juba, ayant mis en péril un fragile accord de paix signé en août 2015.

Les modalités de ce déploiement, dont l’ampleur du contingent ainsi que son mandat, doivent encore faire l’objet de discussions avec les autorités sud-soudanaises. Les chefs d’état-major des pays membres de l’Igad doivent se rendre prochainement à Juba, a détaillé M. Maalim. Une fois un accord trouvé sur cette « force de protection », qui viendra renforcer les 12 000 Casques bleus déjà présents dans le pays, il sera soumis au Conseil de sécurité des Nations unies.

Cette annonce est une relative surprise : le président Salva Kiir avait martelé, dans la foulée des combats opposant ses troupes à celles de l’ancien vice-président Riek Machar début juillet, être farouchement opposé au déploiement d’un nouveau contingent étranger au Soudan du Sud. A la sortie du sommet de ce vendredi, certains diplomates interprétaient l’apparente bonne volonté du gouvernement comme un stratagème visant à gagner du temps et craignaient que la mise en place de cette force ne se perde dans des discussions sans fin.

La Minuss critiquée

La mission de l’ONU dans le pays (Minuss) a été critiquée pour ne pas avoir réussi à endiguer les récents affrontements dans la capitale, qui ont fait plus de 300 morts et au moins 60 000 réfugiés. L’Union africaine, lors de son dernier sommet, s’était prononcée en faveur de l’envoi d’une « force régionale de protection » avec un mandat plus robuste que celui de la Minuss. L’Ethiopie, le Kenya et le Rwanda s’étaient dits prêts à fournir des troupes.

Riek Machar a fui Juba dans la foulée des combats de juillet et le président Kiir a ensuite annoncé son remplacement à la vice-présidence par le ministre des mines, Taban Deng. C’est ce dernier qui représentait le gouvernement à Addis Abeba. L’Igad a appelé M. Machar a revenir dans la capitale et M. Deng aurait offert de lui rendre son poste s’il accédait à cette requête, selon M. Maalim.

Les récents affrontements ont coïncidé avec le cinquième anniversaire de l’accession à l’indépendance du pays, en proie depuis décembre 2013 à une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et 2,5 millions de déplacés. Selon l’ONU, six millions de Sud-Soudanais, sur une population de 11 millions, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

Soudan du Sud : « Ce n’est pas une guerre ethnique »
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