A l’instar de Mukhtar Ablyazov, opposant politique au gouvernement autoritaire kazakh, de nombreux dissidents et journalistes ont subi des tentatives de piratage. | REUTERS

Le gouvernement kazakh est accusé par l’Electronic Frontier Foundation (EFF), une influente organisation de défense des libertés numériques, d’être lié à l’envoi de logiciels malveillants à des dissidents politiques et à des journalistes.

Les victimes de cette attaque ont subi des tentatives « d’hameçonnage ». Il s’agit d’e-mails frauduleux contenant des pièces jointes qui, une fois téléchargées, installent des programmes capables de prendre le contrôle d’appareils (accès aux documents, déclenchement d’une webcam, enregistrement des mots de passe…).

L’EFF a enquêté sur l’origine de ces attaques et a conclu qu’il s’agissait du même type d’e-mails et de logiciels espions que ceux qui ont visé l’opposant politique et homme d’affaire Moukhtar Abliazov et sa famille.

Les personnes visées par ces tentatives d’intrusion ont toutes en commun des contentieux juridiques avec le pouvoir kazakh devant des juridictions européennes et américaines à la suite de la publication de documents dénonçant des faits de corruption parmi les élites politiques de l’ancienne république soviétique.

Le Kazakhstan est un régime autoritaire gouverné par Noursoultan Nazarbaïev depuis 1991. Des organisations de défense des droits humains accusent l’Etat de restreindre la liberté d’expression et de permettre la torture. Reporters sans frontières le place à la 160e place de son classement de la liberté de la presse, qui référence 180 pays.

Difficile d’identifier la source de l’attaque

Si l’ombre du gouvernement kazakh plane sur ces envois de logiciels espions, les spécialistes de l’EFF ne sont pas parvenus à identifier clairement le groupe derrière l’attaque. En revanche, l’organisation s’accorde sur le fait qu’une entreprise indienne, Appin, a joué un rôle dans cette opération.

Le groupe s’inquiète d’une généralisation de ces pratiques d’intimidation et d’espionnage des opposants politiques, activistes et journalistes.

« Les liens probables entre le gouvernement kazakh et des sociétés proposant des prestations de hacking indiquent que les pouvoirs ne se contentent plus uniquement des outils de surveillance et d’interception légaux. »