Dans quinze jours, si tout se passe pour le mieux, l’équipe de France de basket masculine saura ce que signifie vraiment la vie sans Tony Parker qui, à 34 ans, rêve de terminer sa carrière en Bleus par une finale olympique face à ses amis Américains. Malheureusement pour elles, les Bleues s’apprêtent déjà à découvrir la vie sans Céline Dumerc, elle aussi leader emblématique de l’équipe depuis plus de dix ans (250 sélections depuis 1997).

La meneuse française, artisan majeure de la finale olympique il y a quatre ans, s’est blessée à la cheville gauche à l’entraînement mercredi sur une mauvaise réception. Elle est remplacée dans le groupe par la meilleure joueuse française du championnat cette saison, Amel Bouderra, et à son poste par la jeune Olivia Epoupa, qui manque d’expérience.

Si les chances des Bleues sont amoindries par ce forfait subi à deux jours de l’ouverture de la compétition et si les derniers résultats des Bleus avec un seul E incitent à la prudence, l’objectif des deux équipes de France reste le même : une place sur le podium, qui serait une première pour les hommes depuis 2000 et une confirmation de la médaille d’argent de Londres pour les femmes. L’aventure commence ce samedi.

17h00, Youth Arena, France-Turquie (Femmes)

Valérie Garnier et la meneuse Olivia Epoupa, qui aura la charge de mener à 22 ans le jeu de l’équipe de France, lors d’un match de préparation dans le Connecticut. | Jessica Hill / AP

Turques et Françaises auront l’honneur d’ouvrir ce tournoi olympique, comme les Français et Australiens deux heures plus tard. La confrontation est en passe de devenir un classique du basket féminin européen, puisque les Turques se sont imposées à l’Euro 2015 (66-56) et au Mondial 2014 (50-48). Il est difficile de voir dans les deux victoires françaises en match de préparation un retournement de tendance, puisque le sélectionneur Ekrem Memnum ne disposait pas de son groupe au complet. La Turquie, équipe expérimentée dont les joueuses se connaissent bien, n’a plus quitté les cinq premières places d’un grand tournoi depuis 2011.

Comme la France, elle s’appuie sur une forte défense, regroupée autour de la pivot américaine naturalisée Lara Sanders, autrement connue sous le nom de LaToya Sanders, autrement connue sous le nom de LaToya Pringle. « On essaye de construire sur nos précédentes victoires. On a toujours été près de décrocher une médaille (au niveau mondial, ndlr) sans en obtenir une donc il faut tenter de franchir ce cap », dit celle qui joue à la fois en Turquie et aux Mystics de Washington.

L’énergique Isabelle Yacoubou, dont la France avait découvert les tresses colorées et le joli (?) filet de voix aux Jeux olympiques de Londres, devrait lui mener une rude bataille sous le panier, renforcée par son nouveau statut de capitaine de Bleues.

Il faudra aussi avoir récupéré de la cérémonie d’ouverture, à laquelle les Bleues ont assisté vendredi soir malgré l’horaire précoce de leur match.

En cas de défaite, la qualification de l’équipe de France pour les quarts de finale ne serait pas compromise par les quatre premiers de son groupe, d’un niveau modeste, sont qualifiés. Mais, étant entendu que les Australiennes sont inaccessibles de l’aveu de la sélectionneuse Valérie Garnier, il lui faudrait battre les Biélorusses, Brésiliennes et Japonaises pour éviter la quatrième place. Dont les malheureuses récipiendaires affronteront probablement les Etats-Unis en quarts de finale.

19h15, Carioca Arena 1, France-Australie (Hommes)

Nicolas Batum, un ballon de basket, le logo de Rio 2016. | MARK RALSTON / AFP

L’entrée dans une compétition est rarement un point fort des basketteurs français, époque Parker-Diaw. Il faudra pourtant la réussir en début d’après-midi, face à une équipe composée, comme l’équipe de France, de cinq joueurs évoluant en NBA.

« C’est une très très forte équipe, leur meilleure depuis longtemps », observe Tony Parker, qui a pris sous son aile, aux San Antonio Spurs, le meneur de l’Australie Patty Mills. Comme Parker avec les Bleus, Mills a convaincu les Australiens de NBA de rejoindre, pour une fois, leur sélection l’été. « Ils jouent bien ensemble, ils sont physiques, ce sera un candidat pour la médaille », assure Parker, à l’unisson du sélectionneur Vincent Collet.

Outre Patty Mills, les arrières Matthew Dellavedova (révélation des finales NBA en 2015 sous le maillot des Cleveland Cavaliers) et Joe Ingles (partenaire de Rudy Gobert au Utah Jazz) assure un cinq de départ séduisant, complété à l’intérieur par le colossal Andrew Bogut, un membre important de la rotation des Golden State Warriors. Bogut, connu pour la franchise de ses propos et ses tweets sans filtre, n’a toutefois repris la compétition que lors du dernier match de préparation, après s’être blessé à un genou lors des finales NBA perdues contre les Cavaliers. « Il ne sera pas à 100 %, admet Patty Mills, mais sa simple présence sur le parqsuet, avec son maillot, nous fait beaucoup de bien. »

L’équipe d’Australie sait aussi mettre des coups en douce sous la raquette. Pour le reste, son effectif est moins dense que celui de la France, qui pourrait donc faire la différence en fin de match, comme d’habitude, grâce à la force de ses rotations.

Refroidi par les trois défaites en match de préparation en Argentine - Serbie, Croatie et Argentine -, marquées par un laxisme défensif inhabituel, Vincent Collet prévient : « J’espère qu’on pourra déjà faire un bon match contre l’Australie mais je ne suis pas sûr que cela suffise pour passer, car c’est une équipe solide, rugueuse et que nous ne sommes pas encore à notre meilleur niveau. »

L’intégration de Tony Parker, qui retrouvera le jeu avec ses coéquipiers après la naissance tardive de son deuxième fils qui lui a fait rater le tournoi de Cordoba, sera particulièrement surveillée. Il aura à son relais le jeune Thomas Heurtel, appelé à prendre plus de place dans cette équipe de France, pour lui permettre de monter progressivement en puissance au fil du tournoi.

« Si on devait perdre contre l’Australie, anticipe déjà Vincent Collet, il ne faudrait pas perdre le “goal average” (la différence de points, ndlr), parce qu’après les Australiens peuvent perdre contre la Serbie et nous, on peut battre la Serbie. »

Le sélectionneur envisage déjà un match à trois pour la deuxième place du groupe derrière les Etats-Unis, celle sur laquelle lorgnent ces trois sélections afin d’éviter de recroiser les intouchables vedettes de NBA avant la finale.