Sarah Menezes, championne olympique en titre de judo (- 48 kg), n’a pas réussi à décrocher une médaille samedi à Rio. | Markus Schreiber / AP

On connaît l’amour des Brésiliens pour le football, le volley-ball et son dérivé le beach-volley. Le nageur Cesar Cielo, champion olympique du 50 m nage libre à Pékin, a également popularisé la natation brésilienne. Mais un autre sport, le judo, permet aussi au pays hôte de ses Jeux de rêver à plusieurs médailles. À Londres en 2012, les judokas étaient montés à quatre reprises sur un podium : une médaille d’or et trois de bronze.

En ce premier jour des JO 2016, samedi 6 août, la délégation brésilienne n’a pas eu la réussite escomptée. Dans l’enceinte survoltée de la Carioca Arena 2, les supporteurs locaux ont cependant vibré tout au long de la journée en suivant les parcours de Sarah Menezes (- 48 kg), championne olympique en titre, et de Felipe Kitadai (- 60 kg), également médaillé de bronze à Londres. Tous deux battus en quart de finale, ils l’ont également été dans le tableau de repêchage.

Menezes, chouchoute du public, petite amie du judoka français Loïc Pietri qui entre en piste mardi à Rio, n’a pas renouvelé son exploit et a échoué à s’attribuer une deuxième médaille. Battue par la Mongole Munkhbat et blessée en fin de combat, elle a été réconfortée par les chants des spectateurs : « Sarah ohé, ohé, ohé, Sarah, Sarah ». Quant à Felipe Kitadai, vainqueur du Français Walide Khyar au deuxième tour, il a été éliminé par l’Ouzbek Urozboev.

Vedette depuis son titre en 2012, Sarah Menezes avait vu son existence complètement modifiée après les derniers JO. Originaire de la ville de Teresina, capitale de l’état de Piaui (Nordeste), l’un des états les plus pauvres du Brésil, elle avait été accueillie en héroïne à son retour : « Quand je suis allé à Londres, depuis ma ville natale, il n’y avait que ma famille pour me dire au revoir et me souhaiter bonne chance. À mon retour avec l’or autour du cou, il y avait des milliers de personnes à l’aéroport qui m’attendaient et criaient mon nom ».

Felipe Kitadai a tout tenté mais sans succès pour battre l’Ouzbek Urozboev samedi. | JACK GUEZ / AFP

L’influence de l’immigration japonaise

Depuis la première médaille en 1972, celle de Chiaki Ishii, né au Japon avant d’émigrer en Amérique du Sud, le judo brésilien totalise toujours 19 médailles aux Jeux olympiques, dont trois en or. De quoi faire de cet art martial inventé au Japon l’un des sports olympiques les plus populaires au Brésil avec 2,5 millions de pratiquants, dont 40 000 judokas de haut niveau. « On peut faire du judo n’importe où, avec peu d’équipements. Comme notre pays est immense, nous avons beaucoup de judokas et les meilleurs arrivent logiquement à être performants au niveau mondial », expliquait, à la presse brésilienne, Wilson Pereira, directeur du haut niveau à la Confédération brésilienne de judo.

Un autre phénomène explique la vivacité du judo au Brésil : l’immigration japonaise dès le début du XXe siècle. Sao Paulo est la ville qui réunit la plus importante communauté Nipo-brasileiros. Au total, on en dénombre environ 1,5 million à travers le pays. « Nous avons eu au début des échanges très productifs avec les premiers migrants japonais. Nous avons profité de l’héritage technique qu’ils nous ont transmis », raconte Sarah Menezes.

A domicile, les judokas brésiliens auront encore tout loisir de s’inspirer de leurs homologues nippons et d’enrichir leur palmarès. Forts de 72 médailles dont 36 en or depuis l’introduction du judo aux JO en 1964 à Tokyo, le judo japonais devrait lui encore briller sur les tatamis cariocas.