L’épéiste Lauren Rembi a réalisé une belle compétition samedi à Rio mais a terminé quatrième. | FABRICE COFFRINI / AFP

Après la quatrième place du cycliste Julian Alaphilippe lors de la course en ligne, la délégation française a une nouvelle fois échoué au pied du podium samedi. L’épéiste Lauren Rembi a été battue par la Chinoise Sun Yiwen lors du match pour la médaille de bronze (15-13). En demi-finale, la nouvelle championne olympique, la Hongroise Emese Szasz, plus expérimentée (33 ans), avait pris le meilleur sur la jeune Française de 24 ans (10-6).

Alors que l’escrime tricolore compte plus sur l’épée masculine et sur le sabre féminin à Rio, la performance de Lauren Rembi est plutôt positive. « Ce n’était pas une arme sur laquelle on avait beaucoup d’attente. On a répété à nos épéistes qu’elles n’avaient rien à perdre. Du coup, elles se sont toutes lâchées à des degrés divers (Auriane Mallo et Marie-Florence Candassamy ont été éliminées avant les quarts de finale) », explique Hugues Obry, entraîneur national de l’équipe de France à l’épée.

Ce relatif satisfecit ne pèse pourtant pas bien lourd lorsqu’une sportive passe à un souffle d’une médaille olympique. En pleurs, Lauren Rembi ne pouvait cacher sa profonde tristesse, et la rapide étreinte de Daniel Levasseur, l’entraîneur français de son adversaire chinoise, n’y change rien. « Je me suis donnée à fond. Ce n’est pas passé. A l’heure actuelle, je ne peux rien trouver de positif. Ce que je retiens, c’est que je repars sans la médaille », lâche-t-elle aux journalistes français.

Lauren Rembi a été formée, en compagnie de sa sœur Joséphine Jacques-André-Coquin (25 ans), au club de Bondy (Seine-Saint-Denis) par deux maîtres d’arme, les Ignace père et fils : Louis André et Pascal. Ce dernier continue à conseiller les deux jeunes femmes qui s’entraînent principalement à l’Insep et font toutes deux partie du collectif français à l’épée.

Vice-championne du monde junior en 2010, Lauren Rembi avait déjà brillé au Brésil en remportant à Rio en 2014 la Coupe du monde. « C’est un vrai talent mais elle est assez fine. Elle n’a presque pas de musculature. Elle enchaîne blessure sur blessure. Depuis deux ans, on l’a protégée en l’économisant », raconte au Monde Hugues Obry. Très présente dans les gradins, Joséphine n’hésite pas à aider sa sœur tout au long de la journée. « Je la connais mieux que personne. Avant chaque match, je lui parle. Je lui donne mon avis sur sa future adversaire mais je ne la brime pas car elle a une escrime intuitive », explique-t-elle.

Lauren Rembi a battu apès un match épique la Brésilienne Nathalie Moellhausen en quart de finale. | FABRICE COFFRINI / AFP

« Un vrai talent »

Le tournant de cette encourageante journée a été le quart de finale disputé dans une ambiance à couteaux tirés face à la Brésilienne Nathalie Moellhausen. La Carioca Arena 3 a pris des airs de stade de football, assez inhabituel lors d’une compétition d’escrime. La faute à un public pour le moins expansif, qui n’hésite pas à encourager sa favorite mais qui ne se gène pas pour siffler les autres. De quoi déplaire à Joséphine Jacques-André-Coquin : « C’est un mauvais public, qui hue l’adversaire quand il touche et crie pendant les matchs. Normalement, on doit laisser les deux escrimeurs se concentrer ».

L’ancien champion olympique Hugues Obry (Athènes 2004), était lui plus mesuré : « L’arbitre doit faire respecter le silence mais là ce n’était même pas la peine. Finalement, l’ambiance survoltée a permis à Lauren de se transcender. Et ce n’est pas si mal puisque ça modernise un peu notre sport ». La colonie française ne se privait pas d’ailleurs de rendre la monnaie de sa pièce aux locaux en entamant le fameux « Et 1, et 2, et 3-0 » pour célébrer la qualification de l’épéiste tricolore.

Reparti bredouille de Londres en 2012, un fiasco pour le premier pourvoyeur de médailles françaises (115 au total), l’escrime a encore huit jours de compétition pour corriger le tir et retrouver le chemin du succès. « Londres est déjà loin. On en parle plus. On est focalisé sur ce que l’on fait depuis deux, trois ans en vue de ces Jeux. Nous ne sommes pas dans un esprit de revanche », défend Hugues Obry.

Lauren Rembi aura elle une autre chance dès jeudi avec ses coéquipières et sa soeur Joséphine lors de la compétition par équipes. « On est vraiment pas favorites et on a donc travaillé deux fois plus. Cette médaille, on la veut toutes... », a-t-elle lancé.