Neuf vidéos montrant l’opération de police qui a conduit à la mort de Paul O’Neal, le 28 juillet, à Chicago, ont été rendues publiques le 5 août par la police de la ville. | AP

Les vidéos rendues publiques dans la matinée du vendredi 5 août par la police de Chicago (Illinois) ont un écho tristement familier. Les images, tournées par des caméras corporelles et embarquées à bord des véhicules des officiers, montrent l’opération qui a conduit à la mort de Paul O’Neal, le 28 juillet. Suspecté de vol de voiture, ce jeune Noir de 18 ans, atteint dans le dos par une balle, a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. Décrivant les faits comme une « exécution », sa famille a porté plainte.

Les divers enregistrements témoignent d’une situation chaotique. On y voit des agents faire feu sur une Jaguar, puis poursuivre à pieds son conducteur dans une zone résidentielle avant que celui-ci et l’un des agents ne disparaissent derrière une clôture en bois. Plusieurs tirs sont audibles, mais aucune des neuf vidéos dévoilées ne montrent le tir qui a été fatal à Paul O’Neal. Le département de la police a affirmé que la caméra corporelle de l’officier qui a suivi le jeune homme n’était pas active et n’a donc pas pu capturer ces images. Une enquête pour déterminer les causes de ce dysfonctionnement est en cours.

Alors que le suspect gît sur le sol, clairement atteint par une balle et le t-shirt ensanglanté, les policiers le menottent. Aucun ne tente de lui prodiguer les premiers soins. On distingue un officier visiblement en colère accuser le jeune homme d’avoir tiré sur eux. Les agents fouillent son sac à dos à la recherche d’une arme. En vain. Aucune ne sera retrouvée sur les lieux.

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Le cas de Laquan McDonald

La publication de ces images est la première application de la nouvelle politique mise en place par la ville de Chicago, qui stipule que les enregistrements des tirs mortels de policiers soient accessibles dans un délai de 60 jours. Cette mesure fait suite à la mort de Laquan McDonald, Noir de 17 ans, tué par un officier blanc en octobre 2014. Jason Van Dyke, 37 ans, avait alors tiré à 16 reprises sur le jeune homme, provoquant une vague d’indignation publique.

L’autorité indépendante chargée de superviser les actions de la police de Chicago (Independent Police Review Authority) a qualifié les images de « choquantes et dérangeantes ». Au terme d’une enquête préliminaire, trois officiers impliqués dans les évènements du 28 juillet ont été suspendus pour entorse au règlement, sans que soit précisé la nature de celle-ci.

De son côté, le secrétaire général du syndicat de la police de la ville a déploré la publication des vidéos, qui risquent selon lui de mettre en danger les hommes sur le terrain et de nuire à l’image des forces de l’ordre.

Depuis près de deux ans, des brutalités policières ayant coûté la vie à des Noirs ont déclenché des émeutes, comme à Ferguson (Missouri) ou à Baltimore (Maryland), et des dizaines de protestations dans tous les Etats-Unis.