Abderrahim Hafidi et Tahar Ben Jelloun, dans leurs contributions au Monde, invitent les musulmans français à des gestes symboliques forts, qui marqueraient leur volonté de paix et d’adhésion aux valeurs républicaines. Ils demandent à leurs représentants de renoncer aux prières de rue : « Cet acte serait de nature à apaiser la société et à offrir le geste symbolique que les musulmans savent trouver en temps de trouble », selon M. Hafidi. Ils souhaitent également qu’ils appellent à « renoncer à tous les signes provoquant d’appartenance à la religion de Mahomet » d’après M. Ben Jelloun, notamment au voile qui discrimine les croyantes et les isole des autres femmes françaises. On pourrait ajouter un troisième geste fort : demander que soit rendue obligatoire la formation des imams en France, dans un cadre universitaire., et renoncer à tout financement étranger pour la construction de lieux de culte.

En contrepartie de ces trois gestes forts publiquement annoncés, le gouvernement français pourrait de son côté prendre trois mesures, ayant elles aussi une dimension symbolique mais aussi un impact réel sur l’intégration des populations concernées.
En premier lieu, l’instauration du récépissé pour les contrôles policiers. Cette mesure a été récemment écartée sous prétexte qu’elle stigmatiserait les agents des forces de l’ordre. On ne voit pas pourquoi. Si le récépissé se bornait à indiquer le lieu, la date et l’heure du contrôle, sans autre précision, il ne représenterait pas de menace pour les policiers qui l’effectuent. Ce serait même une aide précieuse en ces temps où la police est débordée. Elle lui épargnerait de répéter inutilement des contrôles, sauf si bien sûr la situation ou le comportement des personnes l’exigeait.

En second lieu le CV anonyme pourrait être rendu obligatoire. On en parle depuis longtemps. Ne serait-ce pas enfin le moment de le mettre en œuvre ?

Enfin, l’État pourrait généraliser dans les cantines un menu végétarien alternatif au menu avec viande. L’intérêt serait double : d’une part permettre aux croyants de trouver une nourriture qui ne choque pas leur foi, et d’autre part proposer une alimentation plus écologique et diététique.

Ces mesures – du côté des communautés musulmanes et du côté de l’État républicain- si elles étaient prises conjointement, manifesteraient leur volonté commune surmonter les incitations à la haine et à la méfiance. Elles constitueraient des gestes forts qui auraient une résonance considérable bien au-delà de nos frontières. Elles ôteraient aux intégristes un de leurs arguments essentiels qui est que la République serait l’ennemie de la religion. Elles pourraient renverser le climat actuel de crainte et créer une confiance mutuelle, condition incontournable de la paix civile.

François Galichet est l’auteur de L’émancipation (Chronique sociale 2014)