Dans une rue de N’Djamena, en avril 2016. | ISSOUF SANOGO / AFP

La cérémonie d’investiture du président du Tchad Idriss Deby Itno pour un cinquième mandat de cinq ans a commencé en présence de 14 chefs d’Etats africains lundi à N’Djamena dans un climat tendu au lendemain de la mort d’un manifestant.

M. Deby, 64 ans, arrivé au pouvoir par la force en 1990, a fait son entrée à 12h50 dans l’auditorium d’un grand hôtel où il devait prêter serment devant des dizaines d’invités, a constaté l’AFP.

La région du lac Tchad

L’opposition, qui conteste sa réélection dès le 1er tour en avril, a de son côté maintenu une opération journée « ville morte » dans les rues de la capitale. Parmi les invités de M. Deby, figuraient notamment Muhammadu Buhari (Nigéria) et Mahamadou Issoufou (Niger), engagés avec N’Djamena dans la lutte contre le groupe jihadiste nigérian Boko Haram dans la région du lac Tchad.

« Le Tchad d’aujourd’hui est une dictature démocratique »
Durée : 06:23

Etaient également présents à N’Djamena Ibrahim Boubacar Keita (Mali), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), alliés du Tchad, du Niger et de la France au sein de l’opération militaire Barkhane contre les groupes jihadistes au Sahel.

Ils côtoyaient le représentant de leur homologue français François Hollande, son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. La cérémonie d’investiture devait ensuite être marquée par 21 coups de canon, selon l’Office national de radio télévision (ONRTV), qui a sorti les grands moyens pour couvrir l’arrivée des avions présidentiels à l’aéroport, ne mentionnant les contre-rassemblements de l’opposition qu’au détour du commentaire d’un consultant.

Interdit par le pouvoir

Dimanche, un jeune Tchadien a été tué par balle alors qu’il manifestait à N’Djamena à l’appel de l’opposition, un rassemblement interdit par le pouvoir qui a invoqué des raisons de « sécurité ». Lundi matin, le quartier administratif était calme et la circulation en ville très limitée, avec des boutiques fermées dans certains quartiers.

Des proches du pouvoir refusaient d’y voir une conséquence de l’opération « ville morte » lancée par l’opposition : « C’est nous qui avions demandé à la population de se joindre à la fête, c’est pourquoi vous constatez que les activités sont au ralenti », a affirmé un responsable du MPS, le parti au pouvoir.

Les militants du MPS se sont massés sur les sept kilomètres entre l’aéroport international et l’hôtel Radisson pour ovationner le passage des chefs d’Etat. L’opposition qualifie de « hold-up électoral » la réélection de M. Deby au premier tour le 10 avril avec près de 60% des voix, loin devant son premier poursuivant, Saleh Kebzabo (12,77%).

« Nous sommes surpris et déçus que la France envoie son ministre de la Défense » à la cérémonie d’investiture, a déclaré à l’AFP M. Kebzabo.