Des étudiants travaillent dans la bibliothèque de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris, le  27 février 2001. | FRANCOIS GUILLOT / AFP

Différences de salaire, de statut, de type de contrat… Les inégalités entre hommes et femmes apparaissent dès la sortie des grandes écoles, concluent deux études sur l’insertion professionnelle publiées en juin, l’une par la Conférence des grandes écoles (CGE), l’autre par Sciences Po Paris.

La CGE, qui représente 173 établissements d’enseignement supérieur, comme l’Institut de sciences politiques, se félicite du taux d’insertion des diplômés de ces derniers. Mais si les grandes écoles sont incontestablement une voie sûre vers l’emploi, elles ne gomment pas les disparités de traitement dont sont victimes les jeunes diplômées.

L’édition 2013 de l’étude insertion de la CGE soulignait déjà que, à diplôme égal, les femmes avaient moins de facilités à décrocher leur première embauche. Puis, si ces dernières sont engagées, l’enquête de 2014 notait une différence de statut avec leurs homologues masculins : ainsi, 91 % des ingénieurs hommes obtenaient un statut cadre contre 82 % des femmes. Parmi les managers, ce taux s’élevait à 81 % pour les hommes, mais seulement 74 % pour les femmes.

28 % d’écart à la sortie de Sciences Po

En 2016, les inégalités perdurent : taux d’emploi, salaire, statut, type de contrat, « tous les indicateurs sont moins favorables aux femmes », constate la CGE. Sur les feuilles de salaire, les écarts sont particulièrement criants : une femme diplômée en 2015 travaillant en France gagne en moyenne 1 800 euros brut/an de moins que son homologue masculin. Plus les années passent, plus l’écart se creuse. Après une année d’expérience, la différence de rémunération atteint 2 500 euros ; après deux années, 3 000 euros.

Les différences de salaires entre les hommes et les femmes diplômés de Sciences Po sont également très élevées, avec un écart de 28 % en moyenne entre les deux sexes. Le salaire moyen annuel s’élève à 34 000 euros pour les femmes, contre 41 000 euros pour les hommes. Un fossé à diplôme égal, que la grande école explique par des choix de carrière différents :

« Les femmes se portent davantage sur les secteurs de la communication, des ONG et associations qui présentent les rémunérations plus basses ; les hommes sont plus nombreux dans le secteur de la banque, la finance et les assurances, en général mieux rémunérés », modère l’auteur de l’étude.

Cet état des lieux intervient près de deux ans après le vote de la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui vise notamment « au respect par les entreprises de l’égalité professionnelle ». Le chantier semble encore immense.