Le gouvernement du Soudan du Sud a rejeté mercredi le projet de résolution présenté par les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU visant au déploiement de 4.000 Casques bleus supplémentaires dans le pays, a déclaré à Juba le porte-parole du gouvernement Michael Makuei.

« Le projet de renouvellement du mandat de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss) rédigé par les Etats-Unis sape de façon sérieuse la souveraineté de la République du Soudan du Sud en tant que membre des Nations unies », a déclaré M. Makuei.

Le projet de résolution des Etats-Unis prévoit le déploiement d’une force régionale autorisée à « utiliser tous les moyens nécessaires » pour assurer la sécurité à Juba et dissuader les attaques contre les bases de l’ONU. « Ce texte est très clair et transforme le Soudan du Sud en un protectorat, une situation que nous n’accepterons pas », a poursuivi M. Makuei.

La force régionale, qui serait composée de troupes africaines, serait placée sous le commandement de la Minuss, force très critiquée pour ne pas avoir protégé des dizaines de milliers de civils réfugiés dans ses bases.

Selon le projet de résolution, un embargo sur les armes serait imposé au gouvernement sud-soudanais si le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon signalait des « obstacles » au déploiement des troupes.

Vendredi, à l’issue d’un sommet de l’Igad, une organisation régionale regroupant des pays d’Afrique de l’Est et de la Corne de l’Afrique, le secrétaire général de l’Igad avait assuré à la presse que le Soudan du Sud avait accepté le principe de l’envoi d’une force régionale sur son territoire.

Mais, avait précisé Mahboub Maalim, les modalités du déploiement et surtout le mandat de la force devaient encore faire l’objet de discussions avec Juba. Et à la sortie du sommet, certains diplomates interprétaient l’apparente bonne volonté du gouvernement sud-soudanais comme un stratagème visant à gagner du temps.

De fait, le président du Soudan du Sud Salva Kiir s’est toujours publiquement opposé à l’envoi de troupes étrangères supplémentaires dans son pays, estimant que les 12.000 hommes de la Minuss étaient bien assez nombreux.

Des combats à Juba début juillet ont opposé les forces gouvernementales du président Kiir aux ex-rebelles du vice-président Riek Machar, faisant au moins 300 morts et plus de 70.000 réfugiés.

En raison des combats, pendant lesquels sa résidence a été entièrement détruite et ses troupes pilonnées à l’artillerie lourde, M. Machar a fui Juba.

Il a depuis été remplacé à la vice-présidence du pays par le ministre des Mines Taban Deng, malgré les protestations de nombre de ses soutiens.

M. Machar réclame le déploiement de cette force de protection pour pouvoir rentrer dans la capitale et poursuivre la mise en application d’un accord de paix signé en août 2015 pour sortir le pays d’une guerre civile dévastatrice.