Série sur Paris Première à 20 h 45

La troisième saison de cette série d’espionnage sur la période de la dernière décennie de la Guerre froide est une réussite.

Les fans de « The Americans » retrouveront avec plaisir cette histoire de couple sur le fil du rasoir. Elisabeth (Keri Russell) et Philip (Matthew Rhys) Jennings, espions soviétiques infiltrés de longue date sur le sol américain, où ils mènent en apparence une vie normale d’agents de voyages, élèvent leurs deux enfants (Paige et Henry) dans un pavillon très middle class de Falls Church, une banlieue résidentielle de Washington DC, où logent une grande part des employés de la CIA et du FBI. Au gré des missions qui leur sont confiées, les deux espions d’élite se déguisent, kidnappent, interrogent, piègent, frappent et, parfois, tuent.

Des intrigues très réussies

La fin de la saison 2 avait laissé le couple face à un dilemme : leur fille adolescente, sérieuse, chrétienne, éprise de justice sociale, mais ignorant tout de l’identité de ses parents, intéresse de plus en plus « le Centre », qui veut en faire sa recrue. Rien d’anormal pour Elisabeth, la plus dogmatique des deux, mais Philip refuse l’ingérence de l’organisation dans sa famille. Ce conflit structurera toute la saison, et exacerbera les ­dissensions entre Elisabeth, inflexible dans l’exercice de sa fonction, et Philip, qui répugne de plus en plus à mentir et à tuer.

The Americans Season 3 Teaser #4 (HD) Domestic Affairs
Durée : 00:31

L’ambivalence des sentiments au sein de ce couple fabriqué de toutes pièces par les service secrets russes est le moteur, très efficace, de cette fascinante série qui réussit le pari difficile de raconter la dernière décennie de la guerre froide sans nostalgie ni moralisme, mais en se plaçant à hauteur d’êtres humains.

La saison trois est d’une qualité égale, c’est-à-dire élevée, aux deux précédentes. La multiplicité des missions menées tambour battant par Elisabeth et Philip peut perdre le spectateur, mais l’intérêt est maintenu, entre autres, par des intrigues secondaires très réussies, dont la guerre en Afghanistan et la lutte contre l’apartheid qui servent ici de toile de fond.

The Americans Season 4 Extended Promo (HD)
Durée : 01:01

Le soin accordé à l’écriture et à l’interprétation des personnages est toujours aussi remarquable, qu’il s’agisse de Stan, agent du FBI, avec qui les Jennings entretiennent une réelle amitié ; de Nina, l’espionne russe déchue qui, pour sauver sa peau, commettra les ­pires trahisons ; ou encore de Martha, la secrétaire manipulée par Philip, aussi touchante que ridicule. A ce titre, on ne peut qu’être étonné par la faiblesse du personnage d’Henry, le cadet des Jennings, cantonné au rôle ingrat du petit frère prépubère.

Les fans crient au scandale

Au-delà des sourires suscités par les perruques un peu kitsch et les lunettes à grosses montures utilisées comme déguisement par les Jennings, les spectateurs seront touchés par les aventures de ces personnages aux idéaux fragiles qui, parce qu’ils définissent ceux qui y croient et guident leur vie, ne peuvent vaciller sans entraîner une profonde détresse. Rares sont les séries d’une telle puissance.

La chaîne FX, qui produit et diffuse « The Americans », a annoncé en mai, après le tournage de la saison 4, deux saisons supplémentaires, mais pas plus. Les fans ont beau crier au scandale, cette série, qui n’est pas grand ­public, aura réussi à maintenir l’intérêt des producteurs et des spectateurs pendant six saisons. Une éternité en temps télévisuel, et une belle réussite pour ses auteurs.

« The Americans », série créée par Joe Weisberg. Avec Keri Russell, Matthew Rhys, Noah Emmerich, Keidrich Sellati, Holly Taylor (EU, 2015, saison 3 de 13 épisodes × 42 min). Le jeudi 11 août à 20 h 45 pour les cinq premiers épisodes, puis quatre épisodes les jeudis 18 et 25 août à 20 h 45.

Affiche promotionnelle de la saison 4 de « The Americans », diffusée sur la chaîne américaine FX du 16 mars au 8 juin 2016. | FX