Des migrants à la frontière franco-italienne, à Vintimille (Italie), le 12 juin 2015. | JEAN-CHRISTOPHE MAGNENET / AFP

« Ce matin, environ 60 personnes sont venues. Il y a quelques jours, ils n’étaient même pas 20. » Depuis son poste de responsable de l’ONG Caritas à Vintimille, Christian Papini observe la fluctuation des arrivées de migrants dans cette petite ville italienne à la frontière avec la France, sur la route migratoire vers le nord de l’Europe. Tous les matins, Caritas propose de l’information, des vêtements et de la nourriture aux personnes de passage. La plupart arrivent en provenance de l’île de Lampedusa, point d’entrée de l’Europe depuis la Libye. « Ce sont majoritairement des Soudanais et des Erythréens », poursuit M. Papini.

L’été, inexorablement, le nombre des arrivées augmente. Conséquence du rétablissement des contrôles à la frontière franco-italienne depuis juin 2015, Vintimille a pris des allures de cul-de-sac. Et, même quand les migrants parviennent à traverser la frontière, ils sont en majorité interceptés par la police française et renvoyés en Italie, où leurs empreintes ont été enregistrées. Les autorités italiennes tentent alors de dispatcher les migrants dans des camps d’identification ailleurs dans le pays, comme à Tarente, dans les Pouilles. En vain. Ils refont le chemin jusqu’à la frontière.

Camp reconstituté

Après avoir fermé un centre d’accueil à Vintimille en mai, sur décision du ministre de l’intérieur italien, la Croix-Rouge italienne a donc dû, dès la fin juillet, reconstituer un camp sur un ancien site ferroviaire. Entre-temps, pour pallier l’absence d’accueil organisé, la paroisse locale de San Antonio avait ouvert ses portes fin mai, appuyée par Caritas. Et, malgré la montée en puissance du nouveau camp de la Croix-Rouge, qui est vite passé de 180 à 360 places, elle continue aujourd’hui d’accueillir des familles. « Leur nombre varie beaucoup, entre 50 et 80. Actuellement, il y a une centaine de personnes, constate Alessia Mariotti, une bénévole. Nous avons deux grands dortoirs, mais beaucoup dorment dehors parce qu’ils ont peur d’être enfermés. Tout est géré par des volontaires, donc, même si on fait du mieux que l’on peut, les conditions sont difficiles. »

Pour M. Papini, « la réponse de l’Etat italien n’est pas proportionnée. Les arrivées vont continuer d’augmenter et, même si les réfugiés n’arrivent pas à passer en France, ils ne vont pas retourner en arrière. Après la Libye et la Méditerranée, ils en ont traversé, des endroits où ils auraient pu mourir. Ils sont trop près du but maintenant ». Dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 août, ils étaient 530 à dormir au camp de la Croix-Rouge. Une partie, donc, à la « belle étoile ».