Katinka Hosszu lors d’un entraînement, le 3 août, à Rio de Janeiro. | Lee Jin-man / AP

Elle est infatigable, cette Katinka Hosszu. Déjà douze ans qu’elle évolue dans les bassins et qu’elle récolte autant de brassées de titres que de records personnels. Seul un podium olympique manquait jusqu’à présent à son imposant palmarès, malgré trois participations aux Jeux. La quatrième aura été la bonne. Avec sa victoire sur 400 m 4 nages, samedi 6 août, à Rio, la nageuse hongroise a – enfin – décroché sa première médaille aux Jeux, ainsi qu’un nouveau record du monde (4 min 26 s 26). Elle a récidivé lundi en remportant le 100 m dos, puis mardi le 200 m 4 nages. Et elle est engagée, ce jeudi, sur le 200 m dos.

Née en 1989, à Pecs, Katinka Hosszu est surnommée la « Dame de fer » depuis le meeting de Pékin en 2012, deux semaines après les Jeux de Londres. Son engagement dans huit épreuves avait alors révélé, derrière les cheveux longs et ondulés de cette impétrante méconnue de 23 ans, une volonté hors du commun, digne des meilleurs espoirs. Le sobriquet aurait pu agacer l’intéressée. Au contraire, cette battante a déposé la marque, qu’elle décline depuis sur des tee-shirts, des maillots de bain au design paramilitaire ou dans des mangas tout à sa gloire, qui s’arrachent maintenant comme des petits pains dans son pays natal.

Katinka Hosszu est une femme d’affaires autant qu’une sportive accomplie : désignée sportive hongroise de l’année en 2009, 2013 et 2014, elle est également l’une des très rares nageuses millionnaires, grâce à ses victoires qui font d’elle la plus célèbre rafleuse de primes des bassins. En 2014, elle est devenue la première nageuse de l’histoire à dépasser le million d’euros de gains en carrière.

Cinq titres mondiaux

Son secret ? D’abord avoir grandi dans une famille de sportifs : son père était basketteur professionnel. Tombée dans l’eau chlorée toute petite, elle a été entraînée par son grand-père jusqu’à ses 13 ans. Et à la dure, paraît-il.

Depuis trois ans, Katinka Hosszu participe à toutes les épreuves : 100 m, 200 m, 400 m… Rien ne lui fait peur. Plutôt que de s’entraîner à perte et dans l’anonymat, elle participe à plus d’une centaine de courses par an, quitte à concourir parfois vingt fois de suite comme lors des championnats d’Europe de Berlin en 2014 où elle était engagée dans onze disciplines différentes. De quoi multiplier les chances de collectionner le bronze, l’argent et l’or en papillon, en dos ou nage libre. Au cours de ces nombreuses apparitions aux quatre coins du monde, la Hongroise a battu à plusieurs reprises ses propres records et glané cinq titres de championne du monde entre 2009 et 2015.

Katinka Hosszu lors d’un entraînement, le 3 août, à Rio de Janeiro. | Lee Jin-man / AP

Mais, pendant toutes ces années, le titre olympique continuait de lui résister. Son échec aux Jeux de Londres en 2012, où elle était restée au pied du podium pour quelques centièmes sur 400 m 4 nages, fut difficile à encaisser. De rage plus que déception, elle avait bien failli raccrocher ses lunettes. C’était sans compter sur l’autre star du phénomène Hosszu : son mari et coach, Shane Tusup. Derrière les succès de la Hongroise, certains voient aussi les résultats de management d’un Américain au caractère décrié, dont les colères sont aussi légendaires que les chronos de sa compagne. Depuis 2013 et leur rencontre en Californie – où la Hongroise était partie faire ses études –, il est son manager, son entraîneur tout autant que son psy et que son confident.

Tandem sulfureux mais fertile

La fusion entre ces deux personnalités que tout semble opposer serait passionnelle et compliquée. Peu banale en tout cas dans la discipline. Le petit milieu de la natation commente beaucoup l’idylle « à la Céline Dion » du bodybuilder amateur un rien bad boy avec la star qui serait « sous emprise ». Mais les intéressés assurent qu’ils arrivent très bien à faire la différence entre leur vie amoureuse et les intérêts communs qu’ils poursuivent.

Tusup serait dur et impulsif dans le métier, tout en restant attentionné et très drôle en privé. C’est la championne qui l’affirme. Soutenue par sa famille, elle estime que grâce à lui elle a surtout gagné en confiance, apprivoisé son corps et trouvé sa technique.

Leur tandem est en tout cas fertile : en trois ans, le couple Hosszu-Tusup a produit six médailles en championnat du monde, dont quatre en or, deux titres de meilleure nageuse mondiale de l’année et un record du monde (200 m 4 nages), tatoué désormais sur le bras de monsieur. De quoi titiller enfin la curiosité des commentateurs en dehors de Budapest.

A Rio, l’agence de presse AP pronostique à ces représentants glamour et sulfureux de la Mitteleuropa quatre médailles, dont deux en or. Une performance susceptible de faire passer Katinka Hosszu du rang de célébrité à celle d’icône, elle qui ne peut déjà plus rouler au volant de son Audi dans les rues de Budapest sans devoir baisser sa vitre au feu rouge pour signer des autographes aux fans.