Très utilisé par les djihadistes de l’Etat islamique, Twitter est accusé de leur fournir un « soutien matériel ». | ? Kacper Pempel / Reuters / REUTERS

Twitter a-t-il une part de responsabilité dans les exactions de l’organisation Etat islamique (EI) ? Non, a répondu un juge fédéral de San Francisco, dans un document publié mercredi 10 août. En janvier, les proches de deux Américains tués dans une attaque en Jordanie en novembre, revendiquée par l’EI, avaient porté plainte contre le réseau social. Ils accusaient Twitter d’avoir fourni « un soutien matériel » au groupe djihadiste en lui permettant de communiquer sur sa plate-forme, ce qui aurait contribué à la mort de ces deux hommes. Les familles ont défendu l’idée que le réseau social permettait à l’EI de trouver des financements et de recruter.

Ces arguments n’ont pas suffi à convaincre le juge californien William Orrick, qui a rejeté la plainte. « Aussi horribles que soient ces décès, Twitter ne peut pas être considéré comme un éditeur ou un porte-voix de la rhétorique haineuse de l’Etat islamique », a-t-il estimé, en se basant sur le DCA. Le Communication Decency Act considère que les plates-formes en ligne ne sont pas responsables du contenu qui y est publié par leurs utilisateurs. Une disposition qui a, à plusieurs reprises, protégé les grands réseaux sociaux face à la justice. Les plaignants ont toutefois une vingtaine de jours pour soumettre, s’ils le souhaitent, une nouvelle version de leur plainte à la justice.

Une plainte similaire après le 13 novembre

Cette affaire en rappelle une autre, toujours en cours, à l’encontre de Twitter mais aussi de Google et Facebook. Après les attentats du 13 novembre, le père d’une jeune Américaine tuée à Paris avait intenté en juin une action en justice contre ces entreprises. Reynaldo Gonzalez les accuse d’avoir fourni à l’EI des outils pour diffuser sa propagande et pour recruter. « Sans Twitter, Facebook, et Google [YouTube], la croissance explosive qui a permis, ces dernières années, à l’Etat islamique de devenir le groupe terroriste le plus craint au monde n’aurait pas été possible », peut-on lire dans la plainte.

Ces plates-formes, très utilisées par l’Etat islamique, sont régulièrement pointées du doigt, jugées trop lentes à supprimer les contenus haineux, qu’elles interdisent pourtant clairement dans leurs conditions d’utilisation. Ces contenus sont modérés a posteriori, une fois publiés, après avoir été signalés par d’autres utilisateurs. Twitter assure avoir supprimé des dizaines de milliers de comptes djihadistes ces derniers mois – une course sans fin, puisque ces comptes sont immédiatement recréés avec un autre nom d’utilisateur.

Après les attentats du 13 novembre, les Etats-Unis et la France ont demandé aux géants du Web de s’impliquer davantage et de collaborer avec eux dans la lutte contre le terrorisme et la propagande djihadiste. Plusieurs rencontres ont, depuis, eu lieu entre ces gouvernements et les responsables de ces entreprises.