Cette semaine, trois livres pour renouveler les pavés de la plage : un habile polar autour du suicide d’Alan Turing, que le Suédois David Lagercrantz avait écrit avant de donner une suite à la saga « Millénium » ; un roman sur la création dressant le portrait rageur d’un compositeur italien atrabilaire ; et une bande dessinée qui entraîne dans une ronde sentimentale et contemporaine.

POLAR. « Indécence manifeste », de David Lagercrantz

Alan Turing est le mathématicien visionnaire qui réussit, avec son équipe de Bletchley Park, à percer le code Enigma, inventé par les nazis pour communiquer entre eux. Il est arrêté en Grande-Bretagne en 1952 pour homosexualité et, après son procès pour « indécence manifeste », condamné à subir une castration chimique par prise d’œstrogènes. Il se suicidera en 1954. L’écrivain suédois David Lagercrantz, connu pour avoir écrit la biographie d’un célèbre footballeur, Moi, Zlatan Ibrahimovic, puis le tome IV de la saga « Millénium », suite de la trilogie de Stieg Larsson, rend ici hommage à ce génie sous la forme d’un polar prestement troussé. Macha Séry

ACTES SUD

Indécence manifeste (Syndaffal i Wilmslow), de David Lagercrantz, traduit du suédois par Rémi Cassaigne, Actes Sud, « Actes Noir », 384 p., 23 €.

ROMAN. « Infini. L’histoire d’un moment », de Gabriel Josipovici

Spécialiste de littérature moderne, l’écrivain britannique Gabriel Josipovici, qui a vu le jour à Nice de parents nés en Egypte mais francophones, s’inspire de la biographie d’un compositeur italien pour imaginer un long monologue atrabilaire et « thomasbernhardien ». Où le valet Massimo rapporte ce que lui a « dit » son maître Pavone, par exemple que Britten est « un désastre. Dallapiccola un désastre. Nono un désastre. Berio un désastre. Bussotti un désastre. Avez-vous remarqué, d’ailleurs, Massimo, a-t-il dit, combien de compositeurs ont des noms qui commencent par la lettre B ? » Une réflexion satirique et mélancolique sur la création et l’histoire des idées. Eric Loret

QUIDAM

Infini. L’histoire d’un moment (Infinity), de Gabriel Josipovici, traduit de l’anglais par Bernard Hoepffner, Quidam, 164 p., 18 €.

BD. « L’Inversion de la courbe des sentiments », de Jean-Philippe Peyraud

Le vaudeville est un genre inusable, avec ou sans amant dans le placard. Jean-Philippe Peyraud en fait la démonstration avec cette fantaisie sentimentale située dans le Paris bobo d’aujourd’hui. Robinson, la quarantaine fringante, goûte aux plaisirs des sites de rencontres depuis que sa compagne l’a quitté en raison de son impossibilité à avoir des enfants. Cette stérilité est-elle toutefois réelle ? Deux jeunes adultes, un garçon et une fille qui ne se connaissent pas, viennent frapper le même jour à la porte de son magasin de vente de DVD, dans l’idée de rencontrer leur père inconnu… Frédéric Potet

FUTUROPOLIS

L’Inversion de la courbe des sentiments, de Jean-Philippe Peyraud, Futuropolis, 192 p., 26 €.