Le bus MTM.

La première fois que j’ai dû prendre le RER seul en région parisienne, ma mère m’a dit : « Attention, tu verras, c’est compliqué. Certains trains ne s’arrêtent pas partout, et ils ont tous des noms compliqués. » J’aurais dû venir aux Jeux olympiques avec ma mère. Le RER, par rapport au système de navettes entre les différents sites olympiques, réservé aux personnes accréditées, a la clarté d’un salto arrière de Simone Biles.

Pour compenser l’éclatement des sites olympiques aux quatre coins de la métropole, le comité d’organisation a mis en place ce système de navettes qui supplée celui de transport public. Ce qui est plus malin que d’avoir construit une ligne de métro uniquement pour relier tous ces points.

L’immense parking à côté de l’immense centre de presse, à l’ouest de l’immense parc olympique de l’immense Rio de Janeiro, ressemble à un dépôt de la RATP. Des dizaines de bus alignés, d’esthétique et de confort variables. Il en part et en arrive en permanence, en provenance des lieux des épreuves et de résidence « officiels » – autant vous dire qu’aucun n’arrive au pied de notre appartement, mais il paraît qu’il faut cumuler 10 000 pas par jour, alors d’accord.

De ce centre névralgique des Jeux, situé à une heure de route du centre névralgique de Rio, on peut trouver la navette qui vous emmènera sur une épreuve. On peut. Il faut juste tomber sur le bon bénévole ou avoir appris par cœur le tableau ci-dessous. Il est tout de même plus rapide de trouver le bon bénévole.

Vous pouvez aussi scruter et décrypter les indications écrites sur les bus, mais il nous faudra encore quelques jours pour les comprendre tous.

Ou décrypter les indications écrites sur les arrêts de bus. Là, on se dit qu’il vaut mieux apprendre le japonais pour dans quatre ans.

Une fois qu’on a compris comment il marche, le système est plutôt bien fichu. Les bus partent à l’heure et ont rarement plus d’un quart d’heure de retard, grâce à un trafic relativement fluide depuis le début des Jeux. Les bus sont équipés d’un précieux wi-fi qui permet de travailler durant les temps de trajet interminables (une heure pour se rendre au stade du Maracana, dans le nord de Rio, ou au lagon où se déroulent les épreuves d’aviron). Bref : on ne se plaint pas.

L’environnement, un peu plus : les moteurs restent allumés à l’arrêt une vingtaine de minutes et la climatisation tourne à fond, ce qui oblige chacun à partir avec un pull dans son sac quand le mercure affiche 35 degrés. Là, on repense à la cérémonie d’ouverture, ses vidéos sur le changement climatique et sa forêt d’arbres qui se lève.

Pour me renseigner davantage sur le fonctionnement des navettes, j’ai mis un pied dans une maison de fous : le comité d’organisation des Jeux olympiques.

J’aurais mieux fait de demander le laissez-passer A38.

La maison qui rend fou (Les 12 travaux d'Astérix)
Durée : 08:36

Bureau de renseignement du centre de presse > bureau des transports > bureau de la communication de l’organisation > envoyez une demande par mail. Sur le parking, impossible d’obtenir auprès des bénévoles un quelconque avis ou un renseignement autre que « comment me rendre au Sambodrome ? ». Pas le droit de parler. C’est aussi ça, la magie des Jeux.

Mardi, toutefois, après avoir un peu insisté, coup de fil de Mario Andraca. Mario Andraca est le directeur de la communication des Jeux olympiques de Rio et ne doit pas dormir souvent en ce moment. Et là, je ne sais pas si c’est la fatigue, l’envie de parer au plus pressé ou l’habitude que des journalistes pourris gâtés ne l’appellent que pour des mauvaises nouvelles (sûrement un peu des trois), mais il s’est mis à faire la liste de tous les problèmes de navettes rencontrés les trois premiers jours.

« On a un problème sérieux avec les services de transports T3 [ceux de la presse]. On a eu des problèmes avec les chauffeurs volontaires [oui, les chauffeurs ne sont pas payés, c’est la magie des Jeux].
Le premier jour, il y a eu des retards pour les médias qui sont allés à la cérémonie d’ouverture au Maracana, à cause des rues qui étaient fermées et les chauffeurs n’étaient pas au courant. Ça a très bien marché pour la “famille olympique” [du nom des dirigeants qui se font plaisir pendant quinze jours aux frais de leur comité olympique], mais c’est sans doute la Loi de Murphy, ça n’a pas très bien marché pour les médias qui sont ceux qu’on doit bien servir.
Hier [lundi], il y a eu moins de problèmes, mais encore des petits trucs qui nous énervent, comme le manque de flexibilité des chauffeurs qui ne veulent pas s’arrêter, alors que des journalistes leur demandent de descendre.
Bref, aujourd’hui [mardi], la priorité, ce sont les transports. Une “task force” travaille à améliorer le système. Les chauffeurs vont réviser les parcours. Ils n’étaient pas assez nombeux, le CIO [Comité international olympique] était préoccupé, donc on a récupéré 190 chauffeurs travaillant pour la mairie de Rio. »

Je voulais juste connaître le nombre de bus, mais merci Mario.