Raul Jugmann, le ministre de la défense brésilien, n’a « pas l’ombre d’un doute ». « Rio est une ville sûre », a-t-il déclaré. En l’écoutant, la mâchoire des journalistes accrédités pour les Jeux olympiques s’est sans doute légèrement décrochée. En tout cas celle de ceux qui étaient, mercredi 10 août, à bord du bus reliant Deodoro, où se déroulent une partie des épreuves, jusqu’au village olympique à Barra da Tijuca. Engagé sur la voie transolympique, deux vitres du bus ont explosé sous l’effet de projectiles. Des balles probablement tirées depuis la favela la « Cité de Dieu ».

L’ambiance de far-west régnait aussi à Deodoro lors des compétitions hippiques. Une balle perdue a percé, samedi, le toit de la salle de presse. Le site, dans le nord-ouest de Rio, est situé dans une vaste zone militaire. Il est certainement le plus tranquille des JO, explique l’Agence France-Presse. Une enquête est en cours, mais Mario Andrada, directeur de la communication du comité organisateur des Jeux, a déjà disculpé les athlètes excluant l’hypothèse que la balle provienne du site de tir. On a dû mal à savoir si cette affirmation est censée rassurer. Mercredi, une balle a encore été retrouvée près des écuries.

Menace des gangs et des attaques terroristes

La guerre que livre la police de Rio au trafic depuis des décennies ne connaît pas de trêve olympique. Ces affrontements ont pris un tournant dramatique vendredi 12 août. Au petit matin, le ministre de la justice, Alexandre de Moraes, a annoncé la mort de l’agent Hélio Viera. L’homme de 35 ans, décédé jeudi suite à une balle prise en pleine tête, faisait partie de l’équipe entrée « par erreur » dans la communauté de Vila do João, dans le complexe de favelas de la Maré, considérée – à juste titre – comme une « no-go zone ». Un autre soldat a été blessé ce jour-là. Les troupes d’élite ont mené une opération de représailles jeudi, tuant un homme de 23 ans.

Selon le président intérimaire, Michel Temer, la mort du militaire ne doit pas « ternir » les Jeux. Le chef d’Etat, qui a qualifié l’événement d’« incident malheureux », a tenté, vendredi, de rassurer sur le thème de la sécurité de l’évènement qui se déroule selon lui, de façon « normalissime » avec « des Brésiliens qui remportent beaucoup de médailles ».

Lors d’une conférence de presse organisée, lundi 7 août, Rafael Picciani, secrétaire exécutif de l’Etat de Rio, se félicitait de la « sensation de sécurité » depuis le début des Jeux n’ayant pas eu vent d’une « occurrence préoccupante » de faits d’agression dans la « ville merveilleuse ». Mais le curseur carioca est élevé. En moyenne 16 homicides sont commis chaque jour dans l’Etat de Rio, selon l’institut de sécurité publique. « Le terrorisme a Rio c’est tous les jours », titrait le journal Extra le 16 juillet.

Difficile rester décontracté entre la menace des gangs et celles des attaques terroristes. Depuis le 7 août, la ville a reçu 47 appels à la bombe. Tous faux, rapporte Folha de Sao Paulo. Jeudi, les agents de déminage ont dû faire exploser un sac dans l’Arene Carioca 1 du parc olympique de Barra da Tijuca avant le match de basket Espagne-Niger tandis que dans la soirée, la police fédérale annonçait avoir arrêté deux nouveaux suspects dans l’opération antiterroriste « hashtag ». Deux Brésiliens de Sao Paulo sympathisants de l’organisation Etat islamique, qui s’ajoutent aux douze personnes déjà arrêtées, suspectées de planifier une attaque pendant les JO.