Des membres de "Bring Back Our Girls", manifestant le 14 janvier 2016 à Abuja, au Nigeria, 600 jours après l’enlèvement des 276 adolescentes du lycée public de Chibok par le groupe terroriste Boko Haram. | AFP

L’organisation terroriste nigériane Boko Haram a diffusé, dimanche 14 août, une vidéo de jeunes filles présentées comme les lycéennes enlevées en avril 2014 à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, et réclamé la libération de combattants emprisonnés.

L’un des porte-parole du mouvement « Bring Back Our Girls » (BBOG) qui milite pour la libération de ces lycéennes, Aboubakar Abdullahi, a affirmé à l’AFP qu’au moins l’une des filles avait pu être identifiée comme une lycéenne de Chibok. « Nous sommes toujours en train de confirmer l’identité de plusieurs autres », a-t-il ajouté.

Le 14 avril 2014, 276 adolescentes du lycée public pour filles de Chibok ont été enlevées par Boko Haram, un kidnapping qui avait provoqué une vague d’indignation au Nigeria et dans le monde entier.

Cinquante-sept d’entre elles avaient réussi à s’échapper dans les heures suivant leur enlèvement par le groupe, dont le nom « Boko Haram » signifie « l’éducation occidentale est un péché » en langue haoussa et qui a prêté allégeance à l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) en 2015.

Libération de combattants emprisonnés exigée

Une première vidéo des lycéennes de Chibok avait été diffusée en mai 2014. Dans cette nouvelle vidéo de 11 minutes postée sur YouTube et dont on ignore la date de tournage, un homme au visage masqué lance : « ils devraient savoir que leurs enfants se trouvent encore entre nos mains ».

En tenue militaire, une arme automatique barrant sa poitrine, il se tient debout au milieu d’un groupe de plusieurs dizaines de jeunes filles. Toutes portent des voiles et des abaya (longue robe ample et flottante). Certaines sont assises par terre, d’autres debout à l’arrière-plan.

« Une quarantaine de ces filles ont été mariées conformément à la volonté d’Allah », assure le combattant, ajoutant que « d’autres ont été tuées dans des bombardements aériens ».

Sur cette vidéo, une jeune fille s’exprimant dans le dialecte local de Chibok, la voix entrecoupée de sanglots, décrit un bombardement aérien de l’armée nigériane. A l’arrière-plan, des adolescentes s’essuient les yeux pendant son récit, l’une d’elles tenant un bébé dans ses bras.

L’homme de la vidéo poursuit en exhortant le gouvernement nigérian à libérer des combattants de Boko Haram. « Ils devraient immédiatement libérer nos frères qui sont en détention », réclame-t-il, avertissant que s’il n’accède pas à cette demande, le gouvernement ne pourra jamais secourir les filles de Chibok.

Querelle de chefs à la tête de l’organisation

Réagissant dimanche, le ministre nigérian de l’Information Lai Mohammed a affirmé que son gouvernement était « en contact » avec « les auteurs présumés » de cette nouvelle vidéo de Boko Haram.

« Comme ce n’est pas la première fois que nous sommes contactés de cette manière, nous voulons être sûrs que ceux avec qui nous sommes en contact sont bien ceux qu’ils prétendent être », dit-il dans un communiqué, ajoutant : « Nous sommes extrêmement prudents car la situation est compliquée par les divisions à la tête de Boko Haram. »

Une querelle de chefs divise en effet le groupe. Le 3 août, le leader de Boko Haram, Aboubakar Shekau, a publié une vidéo dans laquelle il réaffirme son autorité. L’EI venait d’annoncer officiellement un nouveau chef : Abou Mosab Al Barnaoui.

Boko Haram a subi de nombreux revers militaires depuis l’arrivée au pouvoir du président nigérian Muhammadu Buhari en mai 2015 et sa force de frappe est beaucoup moins importante qu’il y a deux ans.

En mai, Amina Ali, l’une des lycéennes de Chibok avait été découverte lors d’une patrouille de milice locale et de l’armée dans la forêt de Sambisa, connue pour être le bastion de Boko Haram. Ce retour avait représenté une lueur d’espoir dans le calvaire de ces captives.

La première rescapée de l’enlèvement de Boko Haram reçue par le président nigérian
Durée : 01:46