Charline Picon au centre du podium aux côtés de Chen Peina et Stefania Elfutina, le 14 août 2016, à Rio de Janeiro. | BRIAN SNYDER / REUTERS

« Probido nadar. » L’interdiction de baignade n’était pas due à un quelconque pic de pollution, dimanche 14 août, à Rio de Janeiro, mais à la présence de vélipanchistes dans la baie de Guanabara. Et la chose a plutôt souri aux spectateurs français, qui ont bien fait d’attendre la compétition, repoussée d’une heure jusqu’à ce que le vent se lève : Charline Picon a remporté dans l’après-midi la médaille d’or dans la catégorie planche à voile RS:X, et Pierre Le Coq a obtenu le bronze dans l’épreuve masculine.

Pieds nus et joues bleu-blanc-rouge, une quarantaine de supporteurs s’étaient déplacés spécialement sur le sable du port de Marina da Gloria. Sur l’écran géant, près des parasols et des tapis de plage, tous ont pu suivre un dernier jour de régate digne d’« un scénario de cinéma », selon Charline Picon, 31 ans, médaille d’or autour du coup, drapée dans un drapeau tricolore au moment de se présenter à la presse.

Alors que les six concurrentes étaient encore en mesure de remporter le titre dimanche, grâce à une 2e place lors cette ultime journée de compétition où les points comptaient double, la Français a devancé ses principales rivales au classement général : la Chinoise Chen Peina et la Russe Stefaniya Elfutina le bronze.

Une première depuis 2004

Charline Picon, sous le regard lointain du « Christ rédempteur », tout en haut du Corcovado :

« A la ligne d’arrivée, je savais que c’était bon. J’ai eu une semaine, difficile, vraiment. Hier je comptais encore tous les points que j’avais perdus. Ca ne marchait pas comme je voulais. Et là, je gagne sur la medal race ! »

Tongs aux pieds, Cédric Leroy l’avoue : lui aussi, l’entraîneur et complice de toujours, d’ordinaire si impassible, a versé des larmes de joie. « Depuis quatre ans, malgré les titres, je n’avais pas montré une émotion, pas une larme, toujours droit dans mes bottes... Et là vous voulez savoir? J’ai pleuré, c’est une très belle aventure », a-t-il avoué, avant de repartir dans l’analyse. « Le champ de vent était très loin à gauche, il fallait rester à l’extérieur pour rester dans le vent le plus longtemps possible. C’est ce qu’il fallait faire, même si Charline n’a pas fait un super départ ». Au point de craindre la remontée de la Chinoise Chen Peina ? Réponse aux journalistes : « Moi, jamais. Mais vous tous, oui ! »

Une médaille d’or en planche à voile, la France attendait ça depuis 2004 et le sacre de Faustine Ferret. Cette Marseillaise et ses larmes sur le podium concluent une belle journée pour les tricolores. Un peu plus tôt, Pierre Le Coq avait offert une première médaille, en bronze à la voile française, qui égalait déjà ainsi son total de Londres, quand Jonathan Lobert en Finn avait sauvé le piètre bilan tricolore.

Pierre Le Coq, le 14 août à Rio | Bernat Armangue / AP

La fenêtre était pourtant très étroite pour le Breton de Saint-Brieuc qui partait en 4e position au général et devait impérativement devancer le 3e, le champion du monde polonais Piotr Myszka. Le successeur de Julien Bontemps, dernier médaillé tricolore aux Jeux en planche (l’argent en 2008 à Pékin), a disputé un véritable « match race » avec le Polonais de Sopot, coupant la ligne en 7e position, devant le Polonais et le Grec Vyron Kokkalanis qui le menaçait également.

Le titre est revenu au Néerlandais Dorian van Rijsselberghe, déjà en or à Londres, et assuré de l’emporter avant même cette ultime manche. Le Britannique Nick Dempsey déjà en argent en 2012 a récidivé.

Avec Jean-Baptiste Bernaz en course pour le bronze lundi en Laser et plusieurs autres bateaux dans les dix premiers provisoires, Rio pourrait encore sourire à la voile française d’ici à jeudi.