« Bon, je te le dis, il paraît qu’il y a des crocodiles sur le trou n°10. » Bonne info, merci confrère. Le métier de journaliste sportif est formidable : j’étais venu sur ce parcours pour voir des types jouer au golf aux Jeux olympiques pour la première fois depuis cent douze ans. Et finalement, je suis parti à la chasse au croco carioca.

La chasse a duré cinq minutes, le temps de sortir du centre de presse, de rejoindre le départ du trou n°10, de me diriger vers le lac qui se trouve au bord du fairway (ou alors c’est le fairway qui se trouve au bord du lac ?), de me diriger, disais-je, vers le lac à côté du fairway (le fairway, si vous vous demandez, c’est le long bout d’herbe qui se trouve entre le départ et le green, moi non plus je ne le savais pas avant de m’intéresser au golf (et le green, si vous vous demandez, c’est la zone où est creusé le trou que vise le golfeur)), de me diriger, disais-je donc, vers le lac à proximité du fairway (mais peut-ton vraiment parler de lac ? Une mare vaseuse avec trois nénuphars, tout au plus (ou avec trois nénufars ?), bref, de me diriger disais-je donc, si je me souviens bien, vers quelque part, et de tomber nez à nez avec ça :

Constat : même s’il est petit, immobile, la tête dans l’eau, assoupi, et entouré d’une analyse rationnelle selon laquelle le CIO ne laisserait quand même pas les sportifs se faire croquer, ce bestiau donne immédiatement envie d’aller d’aller se planquer dans le trou n°10. A moins d’etre golfeur visiblement :

Le caïman du golf de Rio 2016
Durée : 00:16

A moins d’être golfeur, ou biologiste spécialiste ès crocodiles de la région de Jacarépagua (où se trouve le parc olympique), tel Ricardo Freitas Filho, qui débarque comme par miracle pour nous apprendre que dans sa langue, crocodile se dit « jacaré » (tiens, comme dans Jacarépagua), mais qu’en l’occurrence, nous avons à faire à un caïman, et qu’il n’y aucun danger, car les « caïmans ne mangent pas les gens ». Bonne nouvelle.

« Ils ont déjà plein à manger avec les poissons et les oiseaux, la vie est belle pour eux, l’eau est bonne, et il n’y a pas de concurrence, les reptiles ne se mangent pas entre eux [tiens, un peu l’inverse de la natation française]. Ici, c’est un spa pour caïmans. » L’art de son montrer rassurant

Le Dr. Ricardo F. Freitas Filho (à gauche), spécialiste ès crocodiles do Brasil.

Il semblerait que tout le parcours de golf soit en fait le paradis des animaux, comme le révèlent ces quelques clichés que l’AFP a réalisés le long des fairways (je ne vous réexplique pas), et sur lesquels on constate la présence de chimpanzés, de capybaras, ou encore de coqs.

Le Britannique Justin Rose a remporté le tournoi olympique de golf de Rio. | EMMANUEL DUNAND / AFP

Le Suédois Henrik Stenson lui avait longtemps tenu tête avant de céder sur le dernier trou. | JIM WATSON / AFP

L’Américain Matt Kuchar, auteur d’une dernière journée de feu, s’empare d’une médaille de bronze qui fait son bonheur. | EMMANUEL DUNAND / AFP

Le Français Grégory Bourdy, lui, s’est effondré après un excellent départ : 21e. | JIM WATSON / AFP

Il paraît, nous dit Ricardo Freitas Filho qui maîtrise finalement assez mal l’art de se montrer rassurant, que des boas constrictors se cachent dans les broussailles qui séparent les fairways les uns des autres (record du monde de l’utilisation du mot fairway en un seul article battu). Nous irons vérifier lors du tournoi féminin, qui débute mercredi.