Usain Bolt (en jaune) devance ses concurrents à l'arrivée de la finale du 100 mètres des championnats du Monde d'Athlétisme à Pékin, le 23 août 2015. | FRED DUFOUR / AFP

Le public pékinois n’avait d’yeux et de voix dimanche que pour son favori, le dénommé Su Bingtian, premier Chinois à se qualifier pour une finale mondiale sur 100 m. Mais sans offenser nos hôtes, le coup de tonnerre de ce dimanche 23 août est bien la victoire que l’on ne prévoyait plus, celle du Jamaïcain Usain Bolt.

Le sextuple champion olympique revient de nulle part pour devancer d’un centième son rival américain Justin Gatlin (9 s 79 contre 9 s 80), tombé deux fois pour dopage dans le passé. La sono du Nid d’oiseau peut balancer un reggae. Bolt reste bien le roi du sprint. L’honneur est sauf pour l’athlétisme et les nombreux contempteurs de Gatlin. Bien qu’il ne soit pas inutile de rappeler qu’en matière de dopage, l’absence de contrôle positif ne suffit pas à garantir la probité d’un athlète.

Revivez la deuxième journée des Mondiaux et la finale à suspense du 100 m

L’athlète le plus titré de l’histoire

Justin Gatlin l’avait annoncé : il voulait détruire la concurrence. Par concurrence, il entendait bien évidemment le presque indétrônable Usain Bolt. Depuis les Jeux olympiques de Pékin en 2008, Bolt ne s’était incliné qu’une seule fois lors d’un grand championnat sur 100 m. C’était à Daegu en 2011, à cause d’un faux départ. Hé bien le stade olympique ne sera pas le théâtre de sa chute annoncée. Pourtant, la démonstration de Gatlin en demi-finale, 9 s 77, laissait augurer d’une tout autre fin.

Dès lors, quel sens du timing pour Usain Bolt qui réalise son meilleur chrono de la saison afin de décrocher sa neuvième médaille d’or lors de Mondiaux. Il devient du même coup l’athlète le plus titré de l’histoire en championnats du monde. Il devance les Américains Carl Lewis, Michael Johnson et Allyson Felix d’une médaille d’or (9 contre 8). Il aura l’occasion d’en glaner une dixième lors du 200 m prévu jeudi 27 août. Lors du relais 4 x 100 m, une onzième est possible même si les Américains semblent supérieurs sur le papier.

Un autre Américain et un Canadien complètent le podium. Il s’agit de Trayvon Bromell et d’Andre De Grasse, à égalité avec 9 s 92. Le Français Jimmy Vicaut prend la huitième place de cette finale avec un chrono moyen (10 s 00) pour lui cette saison. Seul Su Bingtian, le local de l’étape, se classe derrière le Français (10 s 06).

Usain Bolt Wins 9.79 100m Final IAAF World Championship Beijing 2015
Durée : 00:33

Bosse passe au temps

Finaliste pour la deuxième fois d’une grande compétition après les Mondiaux de Daegu en 2011, où il s’était révélé à 19 ans, Jimmy Vicaut aura quand même rempli son contrat. Ce qui est également le cas de Pierre-Ambroise Bosse qui pouvait légitimement rêver d’une finale au 800 m. Mission accomplie in extremis grâce à une qualification au temps. Le coureur de Gujan-Mestras (Gironde) égalera donc au moins sa performance de 2013. Pour faire mieux qu’à Moscou, il lui faudra se classer dans les six premiers.

Son chrono des demi-finales (10 s 20), loin de sa meilleure performance de la saison 10 s 07, déjà pas folichonne, conduirait presque Christophe Lemaitre à figurer au titre des déceptions françaises. Presque car personne n’imaginait le Français à atteindre la finale du 100 m. On attendra le 200 m pour savoir si le grand blond a réussi ou non ses Mondiaux.

Un lanceur de marteau polonais à lunettes a offert la première médaille d’or à sa délégation. Et un lanceur de marteau polonais sans lunettes a lui offert sa première médaille de bronze à la même fringante délégation. La tradition des hommes forts venus de la Pologne a donc de beaux jours devant elle. Avec un jet à 80 m 88, Pawel Fajdek devance son compatriote Wojciech Nowicki en bronze (78 m 55) et, intercalé grâce à un deuxième meilleur jet, le Tadjik Dilshod Nazarov (78 m 55). Du sport au Tadjikistan, nous ne connaissions que les excellents lutteurs. D’autres hommes forts en somme.

Les Etats-Unis déjà devant

Si la Pologne fait une entrée fracassante dans le classement des médailles, la Grande-Bretagne peut une nouvelle fois compter sur ses valeurs sûres pour figurer en tête du dit classement. Après Mo Farah au 10 000 m la veille, la spécialiste de l’heptathlon Jessica Ennis-Hill a logiquement remporté une deuxième médaille d’or pour la Grande-Bretagne, seule nation à en compter autant pour le moment. Six ans après les Mondiaux de Berlin en 2009, Ennis-Hill, championne olympique en 2012 et de retour d’une maternité, elle ajoute un deuxième titre de championne du monde à son palmarès.

La victoire de Justin Gatlin aurait suffi aux Etats-Unis pour s’emparer de la tête du classement des médailles. Un beau bébé (1 m 83 pour 125 kg) nommé Joe Kovacs, à la voix fluette et au palmarès international vierge jusqu’alors, avait mis son équipe sur de bons rails. Il avait devancé au lancer du poids le double champion du monde en titre, l’Allemand David Storl : 21 m 93 contre 21 m 74. Originaire de Bethlehem, Pennsylvanie, Kovacs restera donc dans l’histoire des Mondiaux comme la première médaille d’or américaine de l’édition 2015. Justin Gatlin ne lui volera pas la vedette en éclipsant cette performance. Usain Bolt est passé par là.